Les souliers de Saint-Pierre

juin 5th, 2025

Un fou furieux.

Ça doit être un sourire narquois du Bon Dieu ! Voilà qu’il m’est donné de regarder Les souliers de Saint Pierre quelques semaines après que j’ai vu Conclave d’Edward Berger et surtout que j’ai suivi avec un infini intérêt l’élection au Siège de Pierre de notre nouveau Pape Léon XIV. Le film de l’assez terne Michael Anderson a connu un assez grand succès en 1968. Bâti sur un de ces romans étasuniens du polygraphe Morris West, qui font la joie des plagistes et des libraires, compte tenu de leur grand nombre de pages en gros caractères, propices aux lectures d’été, le film, doté de confortables moyens financiers et d’une distribution sévèrement bornée ne manque pas de qualités. Read the rest of this entry »

Joë Caligula

mai 30th, 2025

Médiocrité absolue et satisfaite.

Quand j’avais quinze ou seize ans, en 62 ou 63, que le cinéma avait déjà éclaté entre sénateurs tranquilles et bien pourvus de la Qualité française et jeunes loups dévorants de la Nouvelle vague à qui étaient dévolues les grandes salles d’exclusivité, il y avait des kyrielles de cinémas de troisième rang qui vivotaient, aussi bien dans les centres ville que dans les périphéries. Y passaient des films de bric et de broc, des péplums fauchés, de la science-fiction bricolée avec des bouts de plastique, des comiques crapoteux.

Mais ce qui fonctionnait le mieux, finalement, à nos yeux de petits bourgeois à la sexualité puissante et frustrée, c’étaient les films de police ou d’espionnage qui comportaient des scènes sexy, avec, ici et là, en arrière-plan une paire de seins ou une paire de fesses, un strip-tease assez sage et une bonne quantité de scènes de lit dotés de draps bienveillants et – si je puis dire – prudes. Read the rest of this entry »

Tenue de soirée

mai 26th, 2025

Pour mettre mal à l’aise…

On peut bien se demander quelle place Bertrand Blier pourra laisser dans le cinéma français et même si, dans dix, vingt ou trente ans, une trace subsistera. Bien sûr, on citera avec jactance Les valseuses, parce que le succès public, l’irruption de deux talents exceptionnels, Patrick Dewaere et Gérard Depardieu dans le paysage de l’époque, la grossièreté provocante du récit, la virtuosité de la mise en scène ont marqué durablement nos souvenirs ; mais pour le reste ? Je pencherais volontiers pour l’outrance inaccoutumée et les séquences dégoutantes de Calmos … Mais ce sont bien souvent des films qui partent à cent à l’heure puis s’essoufflent sans que les promesses initiales puissent satisfaire le spectateur.

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Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes

mai 19th, 2025

Rouges baisers.

Au moment de la sortie du film, qui a eu un certain succès, dû notamment à son titre provocant et peut-être aussi à une certaine nostalgie des spectateurs de 1993 pour la France simple à comprendre de 1958 (simple à comprendre ne veut pas dire tranquille et apaisée), à ce moment-là je crois avoir lu dans les gazettes que l’auteur du film, Jean-Jacques Zilbermann, l’avait réalisé en hommage affectueux à sa mère et en se rappelant ce qu’il avait vécu.
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Ma Jeannette et mes copains

mai 17th, 2025

L’Église rouge.

On passerait des années entières (nuits comprises) à gambader sur le site de l’Institut National de l’Audiovisuel (I.N.A.) qui est statutairement chargé depuis 1974 d’archiver toute la production audiovisuelle et qui met à disposition publique un catalogue qui compte plus de 100.000 documents et ne cesse de s’agrandir ; il y a de tout : actualité, politique, sport, curiosités. Et une multitude de petits films charmants ou bizarres ou graves qui relatent la vie quotidienne, l’évolution des modes et des mœurs, les mutations économiques, les habitudes d’achat… Plein de merveilles où l’on peut naviguer à sa guise et où on n’est limité que par le temps qu’on subit et la durée normale d’une vie. Mais quand je serai au Paradis avec l’éternité devant moi, je commencerai à approfondir. Read the rest of this entry »

Le viol du vampire

mai 12th, 2025

Le viol du vampire.

Je suppose, j’imagine, que Le viol du vampire, sorti en 1968, n’a pas dû avoir une grande diffusion. Parce que, alors familier de tout ce qui pouvait toucher aux buveurs de sang, je me serais certainement précipité d’aller voir dans un cinéma marginal un film au titre aussi excitant et accrocheur. Première réalisation du considérable Jean Rollin qui a saisi très vite que l’alliance entre nudité féminine et vampirisme pourrait constituer une mayonnaise séduisante, le film n’a pas dû être diffusé sur les pourtant alors nombreux écrans de ma ville provinciale (Grenoble). Ceci, nonobstant qu’il ait été enregistré en Noir et Blanc, non par choix esthétique assumé, mais plus simplement par manque de fric.

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Classe tous risques

mai 11th, 2025

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Grand cru du film noir

Après revisionnage (dans une bonne copie, mais sans chapitrage, ni suppléments, comme nous a hélas habitués René Château), je suis conforté dans l’excellent souvenir que je conservais de ce Sautet inhabituel (ou, plutôt, issu d’une première manière du cinéaste).

C’est vrai, la course à l’abîme, le désespoir noir, les portes qui se ferment toutes une à une, la certitude de n’en plus pouvoir ouvrir aucune et surtout le sentiment que si même on y parvenait, ça ne servirait à rien, tant on est fait comme un rat, voilà qui n’était pas courant dans le film de gangsters français, et qui lui donne une dimension très forte et très universelle.

Ventura est magnifique ; on sent monter avec une force déferlante ce qui sera le talent, la force dans les années qui suivront, de ce puissant acteur : il a tout : la sauvagerie du meurtrier, l’épaisseur du chef de famille, l’écoeurement lucide de l’ami abandonné, la lassitude immense et désespérée. Read the rest of this entry »

Ipcress danger immédiat

mai 7th, 2025

Grisaillant, bourbeux, ennuyeux.

Le riche sous-genre du film d’espionnage a vite fait florès au cinéma. Il bénéficiait du goût du public (dont je fais évidemment partie) pour les récits d’action, pour les héros bagarreurs et bien bâtis et pour les jolies filles, souvent vénéneuses, de la même architecture. Ajoutons à ce sous-genre un goût partagé, commun, à toutes les époques et à toutes les cultures : la paranoïa, qui enjolive l’impression qu‘on ne nous dit pas tout et que, derrière les apparences, une main cachée commande en tout cas manipule les apparences et le théâtre du monde. En témoignent, avant la Guerre, les incursions de Fritz Lang (les balbutiements grandiloquents de la série des Mabuse) et les exercices puérils et très appliqués d’Alfred Hitchcock déjà médiocre. Read the rest of this entry »

Conclave

avril 21st, 2025

Un nouveau Pape est appelé à régner.

L’actualité immédiate a donné une bouffée d’audience au film de 2024 du réalisateur étasunio-allemand Edward Berger, couronné de distinctions internationales (Golden globe, 4 Bafta, 8 nominations aux Oscars et obtention du trophée du Meilleur film). Comme son nom l’indique Conclave dépeint les quelques semaines qui suivent la disparition du Pape régnant et l’élection de son successeur. Read the rest of this entry »

Rue Haute

avril 16th, 2025

 

Bibelot d’inanité.

Si le titre que je donne à ce message, Bibelot d’inanité (sonore) est dû à l’abscons et illisible Stéphane Mallarmé, l’idée qui me vient après avoir regardé Rue Haute, dont certains chantent merveilles, est plutôt la citation connue du non moins abscons et illisible Isidore Ducasse, qui s’intitulait pompeusement Comte de Lautréamont et qui a été célébré par ces farceurs de surréalistes. Tout le monde connaît cette cabriole verbale qui fascinait les gens de mon âge qui se voulaient originaux au milieu des années 60 (mais avant Mai 68, où l’on n’a même plus fait semblant de savoir lire) : Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. Read the rest of this entry »