L’avenir de la jeunesse, c’est la vieillesse.
(Paul Morand – Discours de réception à l’Académie Française)
Grenoble, c’est une drôle de grande ville de province ; une drôle de grande ville, déjà, qui a végété pendant des siècles jusqu’à ce que, vers 1900, la Houille blanche lui apporte une prospérité qui ne fait que grandir depuis lors, s’appuyant sur l’université, l’industrie et la recherche.
C’est une ville moderne et sage, finalement assez austère, où, même les samedis, on se couche tôt pour pouvoir aller faire du ski le lendemain.
On y fait beaucoup d’expériences : en 1966, presque toutes les facultés sont parties s’installer sur un campus à l’américaine, aussi boueux qu’ennuyeux, à une dizaine de kilomètres du Centre ; quelques mois auparavant, la municipalité gaulliste a été battue, à la surprise générale, non pas par une vieille équipe S.F.I.O. du type de celles qui avait gouverné la Mairie depuis toujours (car Grenoble l’industrieuse est structurellement de gauche), mais par une sorte de conglomérat très innovant dont la colonne vertébrale est le P.S.U., mais qui est dirigé par un ancien officier de marine, Hubert Dubedout, qui a créé deux ans auparavant des Groupes d’Action Municipaux (les G.A.M.), initialement pour protester contre la médiocrité de l’adduction d’eau dans les étages élevés des immeubles, et depuis lors pour encadrer toute la vie des quartiers autour de comités qui donnent la parole aux citoyens.
On voit par là que la ville a trente ans d’avance sur ce qui se fera plus tard dans la France entière.
Cette originalité, qui rend finalement les Grenoblois assez contents d’eux-mêmes (contentement encore renforcé par le grand succès des Jeux Olympiques de février 68, marqués par le triple triomphe de Killy, la rénovation de la ville, la modernité symbolique ainsi conférée), cette originalité, donc, on la sent aussi dans l’état des militantismes en présence.
Je n’entends pas par militantismes, évidemment, les gens sérieux qui se jettent de la boue à la figure pour la réalité du Pouvoir – municipalités, sièges de députés, Conseil général – outre les G.A.M. et P.S.U. déjà évoqués, il y a une Union pour la Nouvelle République (U.N.R., gaulliste). assez active, et un Parti Communiste puissant, surtout dans la ceinture des banlieues, à peu près toutes rouges. Non ! Par militantismes, je veux parler des groupuscules extrémistes, si foisonnants et acharnés dans la France prospère des la fin des Sixties.
Et là aussi, Grenoble se différencie ; alors qu’à peu près partout, le mouvement gauchiste prépondérant est la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (J.C.R. devenue depuis Ligue Communiste Révolutionnaire, le mouvement de Krivine et de Besancenot), dans les Alpes, la seule organisation structurée, avant Mai 68, c’est la Fédération des Étudiants Révolutionnaires qui va rapidement devenir l’Alliance des Jeunes pour le Socialisme (A.J.S.) et qui est aujourd’hui le Parti des Travailleurs ; c’est dans ce courant trotskiste qu’ont prospéré Lionel Jospin, Jean-Christophe Cambadélis ou Jean-Luc Mélanchon ; il y a aussi un noyau maoïste extrêmement sectaire, né d’une scission de l’Union des Étudiants Communistes et même quelques anarchistes.
À droite, il y a l’Action française. Absolument seule. Et ceci grâce à une sorte de coup de force.
Au lendemain des Présidentielles de 1965, tous ceux qui avaient porté leurs espérances aveuglées dans les Comités T.-V. (‘’Battez les tambours… pour Tixier-Vignancour !’’) se sont découragés, en premier lieu les militants de la Fédération des Étudiants Nationalistes (Europe-Action), assez nombreux pendant les années qui ont suivi la fin de l’Algérie. Se décourageant, ils nous ont laissé nous emparer d’un domaine stratégique : le C.U.I.P.
Le Centre Universitaire d’Information Politique est une de ces structures financées par le patronat bien pensant de toujours (notamment des papetiers) qui pense, sous couvert de réarmement moral et de formation idéologique anticommuniste, s’offrir à bon compte des troupes militantes prêtes à en découdre les armes à la main avec les moscoutaires, si d’aventure ceux-ci décidaient de prendre en main le couteau qu’ils ont naturellement placé entre les dents. Le C.U.I.P. a organisé, durant la guerre d’Algérie, des conférences, des meetings, des séminaires ouverts à toutes les tendances nationales et a rencontré un certain succès. Mais dans la France opulente et endormie des Trente glorieuses, tout ça s’est assoupi.
Mais ce qui reste est très important : un local. Un local vaste, un rez-de-chaussée et un étage, situé au fond d’une cour, mais en plein centre ville. Un local qui constitue un lieu de rendez-vous idéal, une base arrière, une permanence parfaite et, sinon très confortable, du moins bien équipée – bibliothèque, nombreux journaux, machines à écrire, Ronéo. De nous en être emparés nous a rendu incontournables, et toute la droite grenobloise en connaît l’existence et nous l’envie.
Écrivant ceci, je me pare un peu des plumes du paon, ou encore je joue à la grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf. Nous sommes, c’est vrai, les seuls à être organisés et à avoir une présence militante régulière pour proposer Aspects de la France devant les Nouvelles galeries le samedi ou à la sortie des messes le dimanche, pour vendre ( !) A.F.U. (Amitiés Françaises Universitaires ; on voit part là que l’A.F. survivante a le génie des titres qui claquent et donnent envie d’acheter ! ! !) et distribuer des tracts à la porte des lycées, mais nous sommes combien ? Pas même une dizaine… Chaque année, nous touchons deux ou trois lycéens, nous perdons deux ou trois étudiants ; le fait est que nous végétons.
Comme partout, lorsque Mai 68 arrive, chacun est très surpris (mais déclarera, quelques mois après, en toute bonne foi, avoir décelé, plusieurs mois auparavant, mille pénétrants indices de ce qui allait arriver). Grenoble, ville de gauche, (son emblématique député, élu l’année précédente, est le physiquement repoussant Pierre Mendès-France) se jette avec volupté dans la contestation : s’il n’est pas une usine, ou un atelier un peu important qui ne se mette en grève, l’Université a voluptueusement précédé le mouvement et s’y adonne avec une fièvre évidemment masturbatoire.
Mais, ainsi que je l’ai dit, le gros des facultés est installé sur le campus de Saint Martin d’Hères et seuls quelques établissements (la Médecine, l’Architecture), ou les cycles supérieurs, nettement moins contestataires, sont demeurés en ville ; de la même façon, c’est en banlieue ou en périphérie que travaille le prolétariat des entreprises. En d’autres termes, le cœur de la Ville est vide. Donc il est à nous !
J’exagère un peu et j’ai bien conscience d’embellir notablement la réalité, mais l’atmosphère des jours de la fin de mai est si étrange, si invraisemblable, si incongrue qu’on a vaguement l’impression que, tel Ernest Hemingway libérant le bar du Ritz, en août 1944, on pourrait presque, si l’on n’était des jeunes gens respectueux de l’ordre public, faire à peu près tout ce qui est interdit.
La crise a immédiatement conduit dans nos rangs toute une camarilla de braves étudiants de droite, assez paniqués, et quelques pirates sympathiquement agressifs mais qui rêvent un peu trop de faire le coup de feu contre les Rouges pour être vraiment utiles. Il faut tout de même bien employer ces recrues, ce qui nous permet de liquider nos stocks d’affiches Le Roi…pourquoi pas ? et de diffuser tract sur tract. Et, comme, bizarrement, la ville, qui n’est pas très éloignée des raffineries du sud lyonnais, n’a pratiquement jamais manqué d’essence, nous sommes très largement partie prenante dans le circuit de diffusion de nos journaux, artisanal mais efficace, qui relie la Capitale au grand Sud, dans une sorte de noria où la presse est transportée par bonds successifs de Paris à Dijon, de Dijon à Mâcon, de Mâcon à Lyon, de Lyon à Grenoble, de Grenoble à Valence et ainsi de suite…
Et pour une fois, notre presse, que nous vendons à la criée au long des larges boulevards vides à des petits bourgeois persuadés qu’en achetant nos titres, ils accomplissent un acte de résistance à peu près comparable à ce qu’aurait été la diffusion de Franc-Tireur dans les salons du Lutétia à certaine époque, notre presse, donc, s’arrache : c’est vraiment la vente miraculeuse et plusieurs dizaines de feuilles se diffusent quotidiennement toutes porteuses de l’espérance royale (on voit par là que nous sommes absolument branchés sur l’événement !).
À force d’être les seuls, nous ne le sommes plus tant que ça, et de moins en moins isolés, d’autant que, dans les premières semaines tout au moins, il n’y a aucune réaction de l’U.N.R., ni de l’Union des Jeunes pour le Progrès (U.J.P.) dirigée alors par Alain Carignon (qui, soit dit en passant, a fait ses premières armes à nos côtés en collant des affiches, en 1966, pour le dixième anniversaire du soulèvement de Budapest). Plus les jours passent, plus la grève s’enkyste, plus nous devenons crédibles, ce qui est un bien grand mystère pour un mouvement, nominalement dirigé avec bonhomie et circonspection par un aimable marquis intégriste, mais dont le membre actif le plus âgé n’a pas vingt-cinq ans.
Autrement présenté, tout ce qui, à Grenoble se méfie de la peste rouge et de la chienlit et n’est pas tout à fait frappé de stupeur pétrifiante devant le silence et le désarroi des Pouvoirs publics, tout ce qui veut réagir nous rejoint. À dire vrai, il y a pas mal de ces réactifs-là qui n’envisagent pas une seule seconde de s’engager vraiment, ou de prendre des risques : on nous voit assez comme des prétoriens, des têtes brûlées utiles, ou des nervis romantiques, prêts à donner leur sang pour sauver le calme des conseils d’administration et des ateliers paternalistes. Mais ça ne nous va, finalement pas si mal et, avec l’insouciance et la désinvolture de notre jeunesse, nous jouons le jeu qu’on veut nous faire jouer, sans être tout à fait dupes.
Sans être dupes du tout, même, assez souvent. Un soir de printemps doux, alors que nous sommes bien peu nombreux à notre local, se présentent, conduits par un petit industriel que nous connaissons, qui nous finance un peu, trois ou quatre membres de la bonne société industrielle locale, de ces patrons qui dirigent encore avec talent et succès des fabriques et des industries qui marchent très bien. Enfin…qui marchaient très bien, jusqu’à ce que la peste bolchevisto-anarchiste soit arrivée à persuader ouvriers de la Matheysine et du Graisivaudan qu’il fallait arrêter les machines.
Il faut bien dire que nous sommes d’emblée assez impressionnés lorsque nous sont livrés les noms de la délégation froussarde : c’est vraiment ce qui se fait de mieux, ou presque, dans le genre et lorsque nous soupesons mentalement les chiffres d’affaire et la quantité des personnels employés, nous avons un peu la berlue : c’est un peu, à notre échelle, comme si les Tissus Boussac, les Pneus Michelin et les Automobiles Peugeot avaient subrepticement débarqué au 1er étage de certain immeuble de la rue Croix-des-Petits-Champs.
Mais bon ! Notre local est sombre, l’époque est hasardeuse et l’heure est vespérale : notre surprise émue ne se remarque sans doute pas et la conversation s’engage, d’abord légèrement fébrile.
Ce qui me surprend vraiment, c’est que la haute entreprise dauphinoise paraît nous prendre au sérieux, nous demande notre avis sur la situation, nous fait part de ses inquiétudes, nous traite, finalement, comme si nous n’étions pas un groupuscule d’étudiants fantasques et immatures, mais un mouvement presque occulte, supérieurement organisé et structuré, potentiellement capable de tout, y compris de faire le coup de feu sur les moscoutaires et les anarchistes. On voit par là que les billevesées de la Cagoule sont encore bien présentes dans l’esprit du patronat national.
Mais bon ! Puisque ces braves gens veulent jouer à l’O.A.S., on va leur montrer qu’on sait faire ; avec un camarade dont je sais qu’il jouera le jeu, j’entraîne les envoyés de la Finance vers le fond du local, dans ce que nous appelons le Secrétariat. La porte est fermée ; la Ronéo est encore toute gluante d’encre et les piles de tracts s’entassent un peu partout. Des lampes sourdes donnent à la pièce une atmosphère adéquate pour que nous puissions passer pour des conspirateurs.
Un des hommes liges du Capital prend la parole ; heureusement, parce qu’à vrai dire, nous ne savons pas bien dans quel sens nous pourrions orienter une conversation dont l’incongruité nous décontenance et même nous paralyse un peu.
– Eh bien voilà ; mes amis et moi, devant la tournure inquiétante que prennent les événements, nous aimerions savoir si vous êtes disponibles, si vous pouvez faire quelque chose…
Et un des comparses, peut-être un peu plus futé que les autres, ajoute :
Et puis, nous aimerions savoir qui vous êtes vraiment…de quelles forces vous disposez…
Il est évident que ces gens-là ne peuvent pas croire que les redoutables agitateurs professionnels que nous faisons mine d’être ont pour activité presque exclusive la vente d’Aspects de la France. Si nous leur avouons la vérité, ils vont se ficher de nous et essayer de trouver des interlocuteurs un peu plus crédibles… Alors, tant à n’être pas crus, autant forcer le trait, y aller à toute force et jouer les croque-mitaines importants. Je commence par un petit rire narquois, qui a pour objectif de faire prendre conscience au représentant de la fortune anonyme (et vagabonde) qu’il ne doit pas essayer de se fourrer dans ce pétrin-là.
– Qui nous sommes ? Tout le monde ! Où nous sommes ? Partout, absolument partout ! Il n’y a ici, dans ce local modeste et inconfortable que la partie visible de l’iceberg !
– Mais encore ?
– Vous voulez un exemple ? C’est très simple !
Et là, je regarde le camarade qui m’a accompagné en essayant de lui faire comprendre, en un regard insistant, qu’il ne doit en aucun cas me démentir, et moins encore pouffer de rire…
– Un exemple, donc ? Avez-vous jamais entendu parler de l’Association Marius Plateau ? Ou des cercles Firmin Bacconnier ? Jamais ?
Les types se regardent, interloqués, peut-être même déjà découragés : dans un instant, ils vont sûrement se rendre compte de notre insignifiance ; pourtant ils hésitent encore. Il faut donc frapper fort ! Comme dit Pagnol, C’est là que la partie se gagne ou se perd ! Et puis, qu’est-ce qu’on risque ? Sans respirer, je me lance :
– Eh bien, messieurs, l’Association Marius Plateau est certainement le groupe d’anciens combattants d’Indochine et d’Algérie le plus nombreux, le plus structuré, le plus discipliné ; sous son nom d’apparence ésotérique, j’en conviens, il rassemble des types déterminés, formés au combat contre-révolutionnaire dans les rizières et dans les djebels, prêts à marcher dès qu’on leur en donnera l’ordre.
Nos interlocuteurs ouvrent de grands yeux ; leur pilote, celui qui les a conduits à nous, et qui a fréquenté le local pendant la période où l’O.A.S. faisait semblant de croire à son succès, se souvient en effet d’avoir vu passer de grands rapaces baraqués à cheveux courts et à discours martiaux. Un des industriels, qui paraît très intéressé, reprend :
– Bon ; d’anciens paras, c’est bien ; mais le reste… comment appelez-vous ça…le Cercle…des Marronniers ?
Nous le toisons, et nous essayons de mettre dans notre voix plein de mépris pour l’Inculte.
– Mais non ! Le Cercle Firmin Bacconnier ! Vous ne connaissez pas Firmin Bacconnier, le profond penseur, l’apôtre de la Corporation, l’ardent syndicaliste ?
– Ma foi… !
– Le lien entre l’anarcho-syndicalisme et le royalisme, c’est lui ! En douteriez-vous ?
– Pas le moins du monde, mais…
– Vous qui êtes des responsables industriels importants, des patrons et des hommes d’ordre, vous ne pouvez pas penser que les révolutionnaires marxisants sont les seuls à militer dans vos usines !
– C’est que…on ne voit pas beaucoup vos amis, dites donc !
– Précisément parce qu’ils se tiennent prêts pour des circonstances vraiment graves, vraiment importantes ! Pour ce qui va peut-être arriver ! C’est très facile de faire de l’agitation quotidienne, de mettre les ateliers sens dessus-dessous pour des questions de cadences infernales ou de salaires insuffisants… mais le VRAI travail politique révolutionnaire…
– Ou réactionnaire, si vous préférez reprend mon camarade de plus en plus complice et qui parvient à conserver un calme olympien, alors que je sens, moi, monter le fou-rire.
– Oui, le travail politique DÉCISIF, en tout cas, ce sont nos amis qui le font !
– Comme, dans nos campagnes, travaillent en profondeur les « foulards verts » du Cercle Sully !
Je ne crois pas qu’on puisse en ajouter beaucoup ; inventer une Association Jean-Bart pour les marins ou une Amicale Jean-Chiappe pour les policiers irait trop loin. Je songe bien l’espace d’une seconde à indiquer que nous avons des relais très efficaces chez les filles d’Ève, mais l’image stupéfiante des douairières des Cercles féminins de propagande royaliste qui chevrotent à tous les congrès d’A.F. m’arrête juste à temps.
Les types se taisent et réfléchissent ; notre aplomb a eu son effet mais ils se demandent toujours si nos boniments sont du lard ou du cochon ; Dieu merci les circonstances et l’affolement général font perdre la boule à tout le monde et introduisent les hommes d’affaire les plus rances dans un monde improbable où tout peut arriver. L’un d’eux se lâche :
– Je suppose que vous n’avez tout de même pas trop les moyens, pour les tracts, les affiches, tout ça…
– Là, vous n’avez pas tort ; l’honnêteté se paie, vous savez bien, et les fonds secrets du Gouvernement, nous savons bien à quoi ils servent ! (disons-nous d’un air entendu, sans avoir la moindre idée de ce que pourraient être ces fonds secrets, où ils pourraient aller et à quoi ils serviraient).
– Oui, nous avons été assez déçus, de ce point de vue ! soupire un de nos interlocuteurs.
Nos nababs se concertent, un peu à l’écart ; nous faisons mine de nous désintéresser de leur colloque, alors même que nous sommes partagés entre la franche rigolade et l’espérance folle. Ils reviennent vers nous :
– Voilà, prenez ça ; et faites-en bon usage !
L’un d’eux, un type à la tête aigre et jaune de dépendeur d’andouille, tend une liasse de billets que mon camarade empoche. Nous serrons gravement les mains qu’on nous tend. La nuit est tombée. Les mandataires du patronat dauphinois s’éloignent furtivement. Nous comptons les billets : il y a 3000 francs (à peu près autant en euros d’aujourd’hui) ; c’est pour notre budget une vraie fortune. Le cœur nous bat un peu : qu’est-ce qu’on va faire de tout ce fric ?
Nous avons payé des dettes, acheté une Ronéo neuve, constitué un stock de stencils et d’encre. Et mis le (gros) reste de côté pour les jours moins fastes.
Le génial footballeur irlandais George Best, mort à moins de soixante ans de quelques abus, dit un jour : « J’ai dépensé beaucoup d’argent pour les femmes, l’alcool et les voitures de sport. Tout le reste, je l’ai gaspillé ».
Nous n’avions pas beaucoup de génie.