Snow therapy

xigml56iihz4obnk5uulepfe4gomzvigotumam-dufc_840_472Petit flocon insignifiant.

Ma femme en ayant entendu dire du bien sur les ondes m’a poussé à l’accompagner voir Snow therapy. Elle était légèrement gênée, comme si elle m’avait entraîné dans un mauvais lieu, lorsque nous sommes sortis de la salle, sous la froide pluie parisienne. Mais je ne pouvais pas lui donner tort : le film du Suédois Ruben Östlund est encensé d’une palanquée de critiques, a reçu, à Cannes le prix du Jury de la section Un certain regard et une demi-douzaine de récompenses dans d’autres festivals. D’une certaine façon, remarquez bien, c’est de ce consensus douteux que j’aurais dû me méfier.

Résumons vite : une gentille famille scandinave, bon milieu, bons revenus, bons sourires, et tout le tremblement qui passe quelques jours de vacances aux Arcs, en Savoie. Ils sont menacés par une avalanche alors qu’ils déjeunent sur la terrasse d’un restaurant d’altitude ; le père, Tomas (Johannes Kuhnke), pris de panique s’enfuit ; ça n’a aucune conséquence, mais Ebba, sa femme (Lisa Loven Kongsli) va être rongée par cet abandon. Le ver est dans le fruit, le couple se fissure. Bon ; le scénario n’est pas plus bête qu’un autre et aurait pu déboucher sur quelque chose d’assez glaçant, peut-être même de cruel, les enfants ne comprenant rien à la faille qui s’insinue entre leurs parents.

Snow-Therapy-critique2On a déjà vu ça deux mille fois mais, somme toute, le couple et ses traquenards, l’incompréhension qui surgit dans le paysage paisible, la difficulté de se parler, tout cela est un sujet éternel et promis à un grand avenir. Encore faudrait-il ne pas le traiter comme un élève de première année de licence de philosophie qui se penche sur un thème rebattu et croit pouvoir en dire quelque chose de nouveau. Encore faudrait-il n’être pas de cette culture luthérienne qui fait du scrupule et du déchirement de soi-même une base de vie. Dans Snow therapy, on s’interroge, on se demande, on se redemande, on s’expose, on se dit qu’il faut parler et, finalement on pleurniche en se rendant compte qu’on s’enfonce.

maxresdefaultSnow therapy m’a paru d’une longueur interminable ; il est vrai qu’il atteint presque les deux heures ; mais surtout il est terriblement répétitif, obsessionnel, tout plein de culpabilité ressentie : aucune de ces souplesses casuistiques qui sont l’apanage des peuples catholiques du sud : on se prend au sérieux et on beugle sa honte sur tous les tons. La fin du film est d’une indigence grave : j’ai espéré un temps que la famille, qui essaye de passer sur ces mauvais moments, se trouverait hachée menu lors d’une descente absurde dangereuse dans le brouillard et sous la neige où, à un moment, Ebba, la femme et mère, donc, disparaît ; mais c’est pour mieux refaire surface après avoir ainsi éprouvé son mari. Et puis une dernière séquence absolument idiote et à la nécessité incompréhensible dans un autocar conduit par un incapable.

Le cinéma est mal barré.

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