D’une façon habituelle, l’Asie (extrême) m’indiffère, mais je me suis déjà plusieurs fois laissé avoir par des films coréens, très angoissants, où des histoires meurtrières sauvages sont racontées sur un inévitable fond d’atmosphère pluvieuse et de cadre urbain hideux. Et comme j’avais apprécié beaucoup The chaser ou Mother et un peu davantage encore Memories of murder, je me suis dit qu’une agréable giclée de sang suscitée par un serial killer exotique ne serait pas désagréable à regarder par ces temps de canicule.
Et les premières séquences de La sixième victime, où le commissaire Cho (Han Seok-kyu) découvre des corps démembrés (avec un assez joli découpage d’un bras en direct) et commence son enquête m’ont plutôt séduit. Mêmes impressions que pour les films précités : la Corée est vraiment un des derniers pays au monde où l’on a envie de vivre (à tout le moins la Corée des villes) et où la pluie battante paraît être une des caractéristiques (mais enfin, ceci, c’est l’affaire des Coréens ; tout le monde ne peut pas être Français ou Italien).
Mais au bout du premier quart d’heure, de facture assez classique, j’ai décroché et les minutes ont passé sans que je puisse remonter dans le wagon de queue : je n’ai RIEN, mais alors absolument rien compris et la révélation finale, en principe, tonitruante, ne m’a pas plus surpris que ça, parce que je n’en ai pas saisi la raison.
Vous voyez ce que je veux dire ? Dans le genre de films où le criminel apparaît à la fin comme la dernière personne qu’il vous serait venu à l’esprit de suspecter, lorsque les masques tombent et que l’évidence s’impose, vous vous tapez sur la tête en comprenant en une seconde tout l’échafaudage compliqué que le réalisateur s’était attaché à vous subtilement dissimuler derrière des tentures en faux-semblants. Et vous saisissez la raison pour quoi ceci, pour quoi cela, vous retrouvez dans votre souvenir une inflexion curieuse, un sourire bizarre, un regard étonnant que celui qui vient de vous être révélé comme le tueur a eus et qui vous semblent désormais clairs comme de l’eau de roche.
Mais là, rien du tout ! Je regarde un film dont toutes les finesses et subtilités m’échappent ; je peux apprécier certaines images, par exemple un accident superbement filmé : un sac poubelle empli de débris humains, lancé sur sorte de périphérique, explose lorsqu’une voiture passe dessus : projection de sang et de sanies, automobiles en perdition et tout le tremblement. Très bien ! Bravo ! Mais je n’ai toujours rien compris…
J’avais ressenti la même impression de nullité intellectuelle avec un autre film coréen, Old boy, tenu par certains pour un sommet. Je dois me faire vieux.
Mais ça, c’est une évidence…