L’île de l’épouvante

affiche-l-ile-de-l-epouvante-3060Au dessous de tout.

Dans l’atterrant déroulement des pires navets de terreur, de ce cinéma de genre qui accable plus souvent qu’à son tour l’amateur sincère, il peut y avoir, surnageant dans l’océan des médiocrités, une séquence, ou même seulement quelques images qui permettent de se dire qu’on n’a pas complètement perdu son temps.

Là, rien ; allez, cinq secondes sur un film d’1h20 : des billes de verre décoratives (on est dans l’esthétique 70) chassées de leur support par un mouvement d’humeur dévalent en cavalcadant des escaliers feutrés et quelques unes d’entre elles plongent dans la grande baignoire où vient de se suicider une des protagonistes. J’ai écrit cinq secondes ; admettons qu’il y en ait six : on conviendra avec moi que ce n’est pas suffisant.

ile-de-l-epouvante-70-02-gD’autant que le réalisateur de cette Île de l’épouvante, autrement nommée, d’un titre aussi accrocheur, plus encore racoleur et tout aussi fallacieux Cinq filles dans une nuit chaude d’été est tout de même Mario Bava, le maître du giallo, ce sous-genre qui est à la frontière du cinéma policier, du cinéma d’horreur et de l’érotisme, comme dit notre amie Wiki. Un Bava qui, dans le style, réussira de petits chefs-d’œuvre (Le corps et le fouet, La baie sanglante), mais qui, même dans des films moins réussis (La fille qui en savait trop ou  Les trois visages de la peur) parvient toujours à glisser de délicieuses gouttes de terreur ou à filmer des atmosphères agréablement malsaines. Même dans la complètement ratée Maison de l’exorcisme, il y a ça et là, des bribes qui surnagent.

Donc dans L’île de l’épouvante, rien. Rien de rien. Une misérable intrigue de huis clos sur un îlot sans grâce particulière, dans une grande demeure moderne, où cinq couples douteux sont réunis. Le prétexte est qu’un des hommes, le savant Fritz Farrel (William Berger) est l’inventeur d’une formule miracle que veulent s’approprier les autres personnages, industriels avides. Un assassin mystérieux va zigouiller tout le monde.

Bava 1 On ne se demande même pas qui est le tueur, tant tout cela est foutraque, invraisemblable, ennuyeux, ridicule, mal construit, mal monté, tant les protagonistes n’ont aucune consistance, aucune caractérisation, tant les pistes ouvertes sont à peine explorées. Ainsi la relation homosexuelle entre Jill (Edith Meloni), femme du riche propriétaire des lieux et Trud (Ira de Fürstenberg), compagne du savant), ainsi les relations entre les affairistes où l’on ne comprend goutte.

Les meurtres, pourtant nombreux, sont fort peu inventifs et l’érotisme extrêmement minimaliste, vanté dans la présentation du film sur DVD par un intervenant, décevra l’œil salace : atmosphère, musique, dégaine des filles font songer à une coquinerie de samedi soir, mais softissime. Les acteurs ont l’air de s’ennuyer beaucoup, les dialogues sont à la limite inférieure de la stupidité. Comment mettre davantage que 0 ?

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