On a volé la cuisse de Jupiter

on-a-vole-la-cuisse-d-ii-af-1-gPour soirée paresseuse.

J’ai déjà écrit (sur le fil de Trois chambres à Manhattan) que je trouvais le registre d’Annie Girardot bien meilleur dans le grave que dans l’aigu ou, pour être plus précis, portant davantage de talent dans les rôles dramatiques ou maléfiques (L’homme aux clés d’or, Rocco et ses frères, Le vice et la vertu, Traitement de choc, La pianiste) que dans ses interprétations de fantaisiste ou de farfelue (les pochades de Michel Audiard – Elle boit pas ou Elle cause plus – La zizanie, La mandarine) où son agitation sur l’écran me fait songer à celle d’Annie Cordy sur scène. (Je note bizarrement que ladite Cordy quand elle fait du cinéma est un modèle de mesure ; voir Le passager de la pluie ou Le chat ; bizarre, n’est-ce pas ?).

on_a_volle_cuisse001On a volé la cuisse de Jupiter (et le film qui le précède chronologiquement, Tendre poulet, que je n’ai plus vu depuis longtemps), appartiennent à la seconde veine de la comédienne : des films légers, insouciants, tournés par Philippe de Broca qui s’était fait une spécialité du genre mais qui n’a pas toujours retrouvé la folle verve de L’homme de Rio ou du Cavaleur. Ce n’est pas infamant du tout mais c’est poussif, artificiel, finalement très creux et on s’y prend à bâiller en espérant que ça va se terminer plus vite. On ne décroche pas, parce que, à l’exception de l’histrion Francis Perrin, les acteurs sont plutôt sympathiques, nonobstant ce que j’ai dit plus avant d’Annie Girardot. Et puis les paysages de la Grèce fascinent toujours autant, notamment les monastères haut perchés des Météores (dont la photogénie fut aussi utilisée pour un James Bond, Rien que pour vos yeux).

18834271Deux remarques qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre :

  • En 1980, date de sortie du film, l’état de délabrement administratif (ou, à proprement parler d‘inexistence administrative) de la Grèce est une donnée connue, largement partagée et qui prête à sourire sans qu’on y attache beaucoup d’attention ; l’excellent Marc Dudicourt interprète un commissaire de police rageur, plutôt humilié de l’état de désinvolture de son pays, mais chacun s’en arrange. Nos gros malins de Bruxelles, au lieu de lire des rapports technocratiques, feraient souvent mieux de regarder des films pour connaître la situation réelle d’un pays et, si on peut dire en deviner l’âme.
  • Qu’est devenue, après 1990, où elle a cessé de tourner, la ravissante Catherine Alric, qu’on présentait presque alors comme une seconde Catherine Deneuve, qui alliait beauté, charme et fantaisie ? C’est un des mystères du succès, ces étoiles filantes, n’est-ce pas ?

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