…de mauvais augure.
J’avais conservé un assez bon souvenir des Oiseaux, malgré la présence d’un nouveau glaçon scandinave (finlandais, cette fois), Tippi Hedren, aussi enquiquinante et dépourvue de tout glamour que toutes les autres égéries de ce vieux coquin frustré d’Hitchcock et grâce aux volatiles, idéalement odieux (souvenons-nous de Les oiseaux sont des cons, court métrage du génial dessinateur d’humour noir Chaval).
D’abord c’est lent à démarrer, ça se perd pendant plus de trois quarts d’heure dans un bafouillis qui se veut spirituel et marivaudeur et qui est pesant, chichiteux et agaçant jusqu’à l’extrême. Et au sommet l’attitude coincée de la veuve Brenner (Jessica Tandy) lorsqu’elle s’aperçoit que Mitch, son grand escogriffe de fils (Rod Taylor) en pince pour la richissime Mélanie Daniels (Tippi Hedren donc) et, en contraire, les piailleries nigaudes de la jeune soeur Cathy (Veronica Cartwright). Jusque là on a à peine vu l’ombre d’une plume (j’exagère un peu), alors que l’ornitophobie est tout de même à la base du film ou devrait l’être. Mais les lourdes considérations sur les jeux d’amour et de hasard sont vraiment barbantes.
À deux ou trois exceptions près, il est vrai : par exemple la célèbre scène où, derrière cette gourde de Mélanie qui est assise devant l’école, viennent s’agglutiner sur une structure métallique, deux, trois, dix, cent oiseaux. Ou bien tout à la fin, lorsque sortant de la maison assiégée Mitch découvre l’horizon couvert de volatiles.
Mais pour ces deux ou trois éclairs, quelle purge ! Et le ridicule de voir Tippi Hedren, au casque blond calamistré dont pas un cheveu d’or ne dépasse (y compris sous les agressions des bestioles) se carapater partout en impeccable tailleur vert amande et en talons hauts, se faire picorer par une nuée de becs avides sans récolter autre chose que de minces estafilades superficielles.
Tout cela est verbeux, cafouilleux, ennuyeux. Heureusement le réalisateur n’essaye pas de donner une explication rationnelle à l’attitude des oiseaux (qui serait du style vertueux, genre de la faute des hommes, qui ont pollué l’espace (ou la nourriture), ou du fait des expériences atomiques, ou quelque chose d’aussi bêta ; les oiseaux attaquent on ne sait pourquoi et on ne sait pas ce qui se passera ensuite, après que les fugitifs auront pu quitter les lieux.
Dans un monde parallèle, d’ailleurs ils ont d’ailleurs peut-être supplanté les Humains et ils règnent en maîtres. Les oiseaux, ou les oisouilles, comme on dit dans le Bouchonois.