Au dessous du niveau.
On espère d’abord que ce film au nom imprononçable va se dérouler dans cet étrange pays d’Islande, dont on se demande comment et pourquoi ceux qui y ont abordé, il y a des millénaires, n’ont pas rebroussé chemin en fuyant d’horreur tant les landes grises et noires, les émanations de soufre, les températures toujours infâmes auraient dû en détourner les voyageurs à la recherche d’îles d’or. Sans doute ne pouvaient-ils pas reculer… N’empêche que les bizarreries du peuplement du monde m’ont toujours effaré : dire qu’on peut s’établir, aux hasards de la navigation, dans l’Estérel ou à Bora-Bora et qu’on vient se nicher dans les Orcades ou en Patagonie…
De ce fait, on se retrouve dans une sorte de téléfilm d’une grande banalité, traité comme tous les téléfilms avec suffisamment de moyens et de savoir-faire pour qu’on y éparpille son attention (c’est comme lorsqu’on avale des cacahuètes : on ne peut s’arrêter qu’avec une farouche volonté). Alain (Dany Boon) et Valérie (Valérie Bonneton), couple séparé et antagonique sont contraints de faire route ensemble vers la Grèce où leur fille va se marier. Les deux parents sont censés se détester et, d’ailleurs, ne se supportent plus. Mais les aléas de la route, les cent péripéties suscitées ici et là par des scénaristes habiles et complaisants vont faire en sorte de les rapprocher jusqu’à ce que, aux images terminales, ils tombent à nouveau dans les bras l’un de l’autre.
Comme on le savait, d’ailleurs, depuis le début ; comme aucun spectateur ne pouvait en douter, évidemment : c’est ce qui fait, bien sûr, le fonds des téléfilms : la prévisibilité, la certitude qu’on ne dérapera pas, que les rails sont bien fixés sur le ballast. Et là, on n’est pas déçu : tout se déroule comme on l’attend, avec les vacheries que les deux anciens époux se ménagent l’un l’autre, cordialement ou vénéneusement, jusqu’au gâteau de miel final, sur l’air de Cécile, ma fille, la chanson de Claude Nougaro (car – l’auriez-vous deviné ? – leur fille s’appelle Cécile !).
Ce n’est pas que ce soit désagréable, de toute façon ; si je ne supporte pas l’histrion Dany Boon, aussi grotesque et limité que dans ses œuvres majeures (Bienvenue chez les ch’tis et autres grossièretés majuscules), j’ai découvert avec Valérie Bonneton une actrice de caractère et de talent, sachant porter son rôle idiot un peu au delà de ce qui lui était dévolu et capable de lui donner de la substance.
Ça ne vaut pas tripette, mais enfin, personne n’est obligé de regarder, après tout. Moi encore moins.