Arsène Lupin contre Arsène Lupin

1994-1La jeunesse aussi est un naufrage.

Certes, on ne peut pas raisonnablement tenir Édouard Molinaro pour un cinéaste de grande qualité. Son film sans doute le plus réussi, Beaumarchais l’insolent doit tout à son auteur, Sacha Guitry et à son interprète principal, Fabrice Luchini (dont c’est d’ailleurs un des meilleurs rôles). Sinon ? On peut trouver de l’intérêt à quelques réalisations légères, Le téléphone rose, L’emmerdeur ou, malgré son titre idiot, Cause toujours tu m’intéresses. Mais c’est du cinéma très oubliable.

Et plus encore cet opus des débuts de Molinaro, Arsène Lupin contre Arsène Lupin. Sans doute a-t-on voulu surfer sur le succès public des deux très bons films où le gentlemen cambrioleur avait été incarné par Robert Lamoureux : Les aventures d’Arsène Lupin de Jacques Becker en 1957 et Signé Arsène Lupin d’Yves Robert en 1959.

arsene-lupin-contre-arsene-lupin_15095_2333Il se peut que Lamoureux n’ait pas voulu s’enfermer dans le personnage et ait refusé de tourner un troisième film. D’où l’idée de mettre en scène ses deux rejetons (ou, devrait-on dire, deux de ses rejetons : on peut supposer que l’homme était un redoutable bretteur !) avec deux des jeunes acteurs les plus prometteurs de 1962, Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel.

 Le premier, François de Vierne est issu de la liaison de Lupin avec une belle aristocrate (Yvonne Clech) ; le second, Gérard Dagmar, a connu une enfance très modeste ; mais l’un et l’autre sont emplis d’admiration pour leur père et s’emploient à suivre ses traces. Du contraste entre les deux personnages, on attend donc des effets pittoresques. D’autant que les deux hommes se reconnaissent rapidement, nourrissent l’un pour l’autre une sympathie presque fraternelle mais se livrent néanmoins à une compétition acharnée pour s’emparer des bijoux de la couronne de Poldavie, se disputant le titre d’héritier de leur père.

arsene_lupin_contre_arsene_lupin_1Chemin faisant, leurs chemins croisent et entrecroisent ceux de charmantes personnes, Nathalie, journaliste (Françoise Dorléac) et Catherine, princesse de Poldavie (Geneviève Grad) ; sans oublier, au demeurant, Mme de Bellac (Anne Vernon), maîtresse un peu mûre de François de Vierne.

Le scénario, farfelu et poussif, ne vaut pas grand chose, mais les acteurs sont épatants. En tout cas ont tout le talent de l’être et c’est sans doute pour cela que ma note ne descend pas jusqu’au zéro absolu (de toute façon, la présence de Françoise Dorléac dans un film me conduit systématiquement à le coter au dessus de son niveau tant son rire de gorge ravit mon plaisir).

capturedecran20100118a1mMais ça manque tellement de rythme et d’allégresse, ça mélange de manière tellement bizarre les scènes burlesques ou légères (la plupart d’entre elles) et les dramatiques ou inquiétantes (quelques unes, plutôt ratées, au demeurant) qu’on bâille tout au long d’un film censé être pétillant mais qu’on pourrait comparer à un vin mousseux éventé.

Leave a Reply