La peur qui fait le trottoir.
Je ne suis pas grand connaisseur (ni grand amateur, il faut dire) de ces histoires de tueurs psychotiques, issus souvent d’enfances traumatisées, qui collectionnent les assassinats perpétrés sur un mode analogue. On appelle, je crois, ce genre le slasher et il est richement représenté dans les modes adolescentes, chaque personnage créé suscitant, à l’aune de son succès, des séquelles à n’en plus finir, jusqu’à 7 ou 8, puis des remakes, généralement plus gore que les originaux.
Si je mets à part l’admirable Massacre à la tronçonneuse de 1974 (mais qui met en scène toute une famille de dégénérés, non pas un individu seul et a donc une dimension presque sociologique), il me semble qu’Halloween en 1978 marque le début d’une longue série de personnages affreux. Viendront ensuite Vendredi 13 (1980), Les griffes de la nuit (1984), Scream (1996) et une kyrielle d’autres morbidités.
On pourra sûrement me reprendre et me corriger là-dessus, mais pour ce que j’en ai vu, tous ces films sont bâtis sur le même schéma : un tueur fou furieux, martyrisé par mille traumatismes enfantins ou par des hérédités épouvantables (ou les deux, ou pire encore) se venge de l’humanité qu’il déteste en trucidant autour de lui de malheureux jeunes gens qui ne demandaient jusque là qu’à ricaner, fumer des joints et s’envoyer en l’air (j’exagère sans doute un petit peu).
Halloween fonctionne sur ce schéma. Le tueur – qui a commencé jeune : il avait 6 ans lorsqu’il a assassiné sa sœur – s’appelle Michael Myers (Tony Moran). Mais autant Freddy Krueger (Les griffes de la nuit) ou Jason Voorhees (Vendredi 13) ont une personnalité, une apparence, une capacité de terrifier réelles, autant Myers apparait comme un cinglé anonyme. Il se peut que, dans les nombreux films qui ont suivi Halloween, son personnage ait pris un peu de substance, un peu d’épaisseur, mais dans l’ouvrage originel, il n’a pas d’existence. Et dans le genre de l’épouvante, on le sait depuis toujours, c’est le méchant qui fait la qualité de l’effroi.
Dès lors, qu’importe, (au spectateur d’aujourd’hui en tout cas : il se peut que la chose ait alors été novatrice) la belle idée de la caméra subjective qui installe le spectateur au cœur de l’action ; qu’importe le choix fait par Carpenter de l’androgyne Jamie Lee Curtis et de son remarquable égosillement : on s’ennuie un peu et on attend que s’achève l’errance criminelle de Michael Myers au milieu des cottages respectables de la petite ville de l’Illinois. On sait bien qu’à la fin, l’héroïne s’en sortira. Jusqu’à la prochaine fois, en tout cas.