Magnolia

Parfaitement nase.

J’ai déjà dû citer quelque part ce mot exquis de Billy Wilder  »La semaine dernière, je suis allé voir  »Les maîtres-chanteurs de Nuremberg  » à l’Opéra. Ça commençait à 8 heures. Au bout de deux heures, j’ai regardé ma montre : il était 8 heures et quart ».

C’est exactement ce qui m’est arrivé avec ce Magnolia-là : aimant la fleur, en pleine gloire en ce moment, je me disais que le film pouvait avoir du velouté ; film qui, chose qui n’est pas insignifiante, a une durée annoncée de trois heures. Au bout d’une heure et demie, j’attendais toujours que l’histoire commence.

Ô amis qui, bien mieux que moi connaissez le cinéma contemporain étasunien, qui d’entre vous peut me dire si j’aurai quelque satisfaction dans l’heure et demie qui me reste à visionner ? Mon projet est plutôt d’abandonner au milieu du gué mais, on ne sait jamais, l’un d’entre vous pourrait être convaincant….

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J’ai finalement achevé de regarder les trois interminables heures de ce Magnolia, dont certains pensent grand bien, en le saucissonnant en plusieurs soirées.

Henry-Gibson-dans-Magnolia-1Sacrilège odieux ! prétendront ses thuriféraires… Nullement, il me semble, car c’est exactement ce que ça mérite : une attention limitée, semblable à celle qu’on porte – lorsqu’on en est féru – aux douze mille épisodes des Feux de l’amour ou d’un de ces quelconque soap-operas parodiés jadis avec tant d’esprit par Les Inconnus.

C’est dégoulinant d’un compassionnel larmoyant, timbré d’une philosophie consensuelle à deux sous, extraordinairement déprimante du type Tous, nous sommes seuls, et nous sommes tous malheureux, et nous ratons tous notre vie, qui aurait pu être si belle ; le tout accompagné d’images et de mélodies sirupeuses et ponctué de commentaires en voix off atterrants de banalité, du type La loi, c’est la loi, mais on peut pardonner, le plus difficile, c’est d’être un être humain.

La sensiblerie nouille, l’émotivité érigée en principe, les pleurnicheries à prétexte empathique ont envahi l’espace. Voilà qui ne présage rien de bon pour l’espèce humaine.

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