Les chaussons rouges

Les petites marionnettes.

Comme j’ai hérité un coffret (qui comprend aussi 49e parallèle, Colonel Blimp et Le narcisse noir) et que le nom de Powell m’est connu depuis qu’il a sur ce site des admirateurs passionnés et convaincants, à l’opinion de qui j’ai foi, j’ai regardé tout à l’heure Les chaussons rouges et je suis bien perplexe, comme quelqu’un qui n’ose pas trop dire qu’un film dont on lui a promis monts et merveilles l’a profondément ennuyé.

J’ai sans doute eu tort de commencer le cycle par une œuvre focalisée sur une des activités humaines qui m’indiffèrent (et souvent m’insupportent) le plus au monde : la danse classique.

Je me suis toujours demandé comment il pouvait exister des amateurs passionnés d’entrechats et de jetés-battus, comment les tutus et les pointes pouvaient transporter le cœur d’amateurs exaltés. Et naturellement, lorsque un film tourne autour de cette fascination, qui m’est totalement incompréhensible, il me semble normal qu’il m’ennuie et me semble, même, légèrement ridicule.

J’espère bien naïvement que les autres films du coffret tourneront autour de thèmes qui m’intéresseront davantage, parce que là, j’ai subi une énergique purgation autour d’un mélodrame à quoi je n’ai pas adhéré une seule seconde.

Rouge2La balance faite entre la vocation artistique et l’amour pour un être, ça n’est pas tellement rare : c’est même ce qui sous-tend un film aussi merveilleux que French Cancan ; mais alors que chez Jean Renoir, l’histoire touche des personnages de chair et de sang, et dessine des caractères merveilleux, le trop long film de Michael Powell ne fait qu’esthétiser à qui mieux mieux et ne donne à aucun des personnages une substance qui puisse permettre la moindre empathie.

C’est bien beau de faire du style et de multiplier les performances techniques qu’égrène avec complaisance Bertrand Tavernier dans un des multiples suppléments de l’édition ; mais un film, ça n’est pas, ça n’est vraiment pas qu’une accumulation de défis surmontés et si on dit bien volontiers « Bravo l’artiste !« , on applaudit du bout des doigts et en s’ennuyant passablement, comme avec un concert de musique de chambre, si l’on n’est pas amateur assidu de quatuors à cordes.

Je n’ai rien contre les mélodrames, je reconnais volontiers que Serge Diaghilev est un nom important dans l’évolution artistique du siècle dernier, j’apprécie le raffinement civilisé du jeu d’Anton Walbrook, parfait maître de cérémonie de La ronde de Max Ophuls, j’admets bien volontiers que les angles de prises de vues, le brio du montage, le traitement de la couleur de Powell sont intéressants et rares…

Mais enfin, c’est très extérieur, très esthétisant, très vain. J’irai voir les autres films du coffret, mais je me trouve ce soir déjà un peu sceptique…

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