Le Magnifique

Mister Boum-Boum

Y aurait-il dix minutes de moins, les dernières, qui se traînent, se répètent et bégaient, Le magnifique serait un très bon film de Philippe de Broca, qui n’atteindrait évidemment pas la légèreté ailée miraculeuse de L’homme de Rio, ni l’amertume élégante du Cavaleur, mais se trouverait aux côtés de L’incorrigible aux rangs des réussites majeures de ce qui fut jadis l’exaltation gaie des qualités époustouflantes d’un Belmondo qui savait tout faire…

Il y a plein de charmantes, délicieuses idées, plein de séquences réussies et très drôles, il y a une grande habileté dans la conduite du récit, dans l’entre-choc de la réalité vécue – toujours pluvieuse, l’a-t-on remarqué ? – et de la fantasmagorie rêvée, hyperrêvée, si j’ose dire , joyeusement et brillamment parodique, inspirée de James Bond (Opération Tonnerre, et bien d’autres), de Matt Helm ou de Derek Flint, avec quelques emprunts, comme il est justement remarqué à des séquences florissantes du cinéma de l’époque et à La horde sauvage. Il y a même ce goût de l’absurde qui fleurit dans le parodique Casino Royale de John Huston (et Woody Allen) lors de la scène de traduction des dernières paroles d’un Albanais successivement retransmises en serbo-croate, roumain, russe et tchèque et des traces des oniriques Barbouzes

Mais, il manque tout de même un peu, beaucoup de pâte humaine ; on a bien raison de  remarquer que  ce qui faisait le prix et le poids de  L’incorrigible, c’était l’extraordinaire composition de Julien Guiomar, atrabilaire amoureux, ermite anarchiste attachant, qui, par sa présence même, suffisait à donner de l’épaisseur au côté tagada tsoin-tsoin d’un Belmondo qui, tel qu’en lui-même, et en toute éternité, ne changeait pas, à cette époque de plus immense succès.

La beauté à peu près totale de Jacqueline Bisset ne suffit pas à donner au Magnifique assez d’étendue et les personnages secondaires le sont vraiment trop. L’éditeur libidineux (Vittorio Caprioli) et toute sa troupe faisandée de compagnons de bamboche (au premier rang la physionomie ambiguë et vicelarde de Micha Bayard, qui aurait pu être mieux utilisée au cinéma de cette époque) ne sont pas assez posés en opposition drôlatique….

Demeure un film sympathique, sans assez de prétention, un film agréable pour fin d’après-midi dominicale. C’est déjà ça !

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