Un bon film de genre.
Pour n’avoir jamais vu (jusqu’alors ; l’oubli est désormais rattrapé) le film japonais, j’ignore en quoi Les sept mercenaires s’éloignent ou se rapprochent des Sept samouraïs ; je peux tout de même supposer que l’étrangeté nippone, l’éloignement dans l’espace, dans le temps et dans l’imaginaire permettent de supporter incohérences et invraisemblances des aventures de cet agglomérat douteux de baroudeurs et de marginaux voués à défendre une communauté mexicaine ahurie, éberluée et peu attachante. Prémisses douteuses au demeurant.
D’une façon générale, j’aime assez les films où les héros sont zigouillés ; dans Les douze salopards, quelques uns s’en sortent ; dans La horde sauvage aucun, et c’est très bien ainsi. Mais il est vrai que dans ces deux films, il s’agit de repris de justice ou de bandits de grand chemin, rédimés ainsi par la mort. Dans Les sept mercenaires, il en réchappe tout de même trois, ce qui est beaucoup, d’autant qu’il y a là les deux chefs de la bande, et le jeune chien fou amoureux. C’est pourquoi, dans le genre, ma préférence va nettement vers La révolte des dieux rouges où les neuf protagonistes sont à la fois porteurs d’une cause (celle du Sud), courageux, beaux joueurs et chevaleresques et finissent tous par disparaître. Ce qui est à la fois triste et grisant.
Je persiste à penser que le scénario des Sept mercenaires est assez médiocre, marqué par une certaine théâtralité, qui confine souvent à la maladresse ; ainsi la scène du corbillard conduit au cimetière malgré l’opposition des fermiers racistes, qui détermine les Mexicains recruteurs à embaucher Chris (Yul Brynner) ; ainsi la sorte de soviet qui réunit périodiquement les paysans ; ainsi la restitution par le vilain Calvera (Eli Wallach) des armes aux mercenaires.
Je trouve aussi que les motivations des mercenaires sont à peine effleurées et que leur improbable réunion est terriblement fictionnelle. Et c’est d’autant plus dommage qu’une des grandes forces du film est sa distribution, extrêmement talentueuse et disposant de physionomies bien tranchées. À part Brad Dexter qui incarne le cupide (et rêveur) Harry, les autres pistoleros sont tous des acteurs connus à fort potentiel. Ils sont presque tous excellents, à l’exception notable d’Horst Buchholz, qui n’avait d’autre talent que sa belle petite gueule et (parait-il) une grande gentillesse. Je l’ai trouvé en tout cas bien médiocre, notamment dans la scène du bar où, ivre-mort, il essaye de se faire embaucher. (Notons, pour l’anecdote, qu’il a interprété Marius – cafetier comme son père César – dans le vraisemblablement désastreux Fanny de Joshua Logan).
À mes yeux (très profanes, il est vrai, en matière de western), Les sept mercenaires ne méritent pas l’aura considérable dont ils sont entourés. Sans doute, en sus de sa distribution éclatante, y a-t-il l’influence de la musique d’Elmer Bernstein, qui eut un très grand succès. Et la qualité des paysages mexicains : on sent vraiment la poussière sèche de ces terres arides.
Pour moi, et davantage que la beauté de son crane lisse, c’est la voix de fumeur de Brynner qui est impressionnante : cinq paquets par jour, a-t-on dit. Ça n’a d’ailleurs pas fait un pli : il est mort d’un cancer de la gorge.