Furyo

Tout de même assez chtarbé…

Les parutions de films que j’ai envie de voir ou revoir se faisant rares, je suis bien contraint, pour avoir ma dose de cinéma, d’aller plonger dans des recoins jusqu’alors inexplorés, ou mal connus de ma DVDthèque et de regarder un machin bizarre comme ce Furyo, acquis je ne sais quand ni pour quelle raison…

Les habitués de mes foucades se rappellent sans doute le peu de goût que j’ai pour le Japon, le pays du Soleil levant me semblant davantage ressembler à une contrée habitée par des gens animés de mouvements browniens incompréhensibles qu’à un endroit civilisé (je n’irai tout de même pas jusqu’à approuver les propos de notre ancien Premier ministre, Mme Édith Cresson comparant les Nippons à des fourmis).

movie_callout_imageFuryo n’ouvre pas sur les Japonais des horizons bien sympathiques. Je gage, d’ailleurs, que si un Occidental avait mis en scène ces cruelles cingleries, il aurait suscité de graves protestations diplomatiques. Mais le réalisateur, Nagisa Oshima, est un Japonais bon teint (si j’ose dire), auteur de films que je n’ai pas vu, n’ai aucune intention de voir, mais dont j’ai abondamment entendu causer, L’empire des sens, où une dame passionnée émascule, avec son accord, son amoureux et s’en va ensuite promener en ville en arborant les attributs virils du malheureux, et Max mon amour, où la belle Charlotte Rampling, qu’on a connu d’un goût plus sûr, est la maîtresse d’un chimpanzé.

Sachant cela, je me suis tout de même étonné que les horribles pratiques sanguinolentes filmées avec une certaine complaisance par Oshima soient toujours regardées avec curiosité plutôt qu’avec indignation. Tout le Japon, d’ailleurs, paraît bénéficier de cette indulgence ; on ne sait pourquoi ce pays a échappé à l’opprobre (totalement justifiée, à mes yeux ; voir les échanges sur Allemagne année zéro) qui a frappé ses complices du dernier conflit mondial. On me dira qu’Hiroshima (100 000 victimes) et Nagasaki (70 000) ont été suffisante punition… mais Dresde, également rayée de la carte a compté 250 000 victimes…

Furyo, c’est beaucoup moins intéressant (et heureusement moins long) que Le pont de la rivière Kwaï qui se passe également dans une Asie du Sud-Est occupée. Furyo, à la fois profondément malsain et ridicule se passe en Indonésie, dans un camp de prisonniers britanniques où survient un jour un officier capturé, le major Jack Celliers (David Bowie) qui, d’emblée, tape dans l’œil du féroce commandant, le capitaine Yonoi (Ryuichi Sakamoto). Son brushing blond et ses yeux vairons obsèdent le farouche guerrier qui, écartelé entre son désir et la discipline, est bien enquiquiné.

149125e-image-de-Furyo-5965Survient à un moment donné une des scènes les plus grotesques que j’aie jamais vues au cinéma : le major Celliers, pendant une brimade imposée par Yonoi aux captifs, va aller le provoquer pour faire surgir l’événement : mais, au lieu de lui rouler une pelle, ce qui, à la limite, aurait été convaincant (!), il lui colle deux bisous mutins : on se croirait au milieu des bestioles anthropomorphes de Bambi. Qualifiant ceci de ridicule, je me remémore que l’adjectif pourrait encore à meilleur escient être employé pour les scènes de flash-back qui renvoient Celliers à la verte Angleterre de son adolescence, à l’infirmité de son jeune frère et à la lâcheté dont il se sent depuis toujours coupable pour n’avoir pas défendu son cadet bossu lors d’un bizutage.

Film grotesque, ampoulé, geignard, dont il n’y aurait rien à sauver s’il n’y avait le magnifique thème musical de Ryuichi Sakamoto (l’acteur qui joue Yonoi) qui met une touche d’étrangeté dans un film qui, finalement, en manque cruellement.

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