Le salaire de la peur

le salaire de la peur

L’efficacité faite film !

Quand une œuvre est aussi solidement structurée, avec un suspense qui monte crescendo, parfaitement joué par des interprètes qui semblent avoir été conçus pour le rôle et qui sont impeccablement filmés avec un sens de l’atmosphère tel qu’on ressent sur soi la poussière poisseuse de la petite ville où un groupe de parasites, de demi-sels, d’immigrants paumés attend un improbable miracle, comment s’étonner que, plus d’un demi siècle après sa sortie sur les écrans, Le salaire de la peur continue à être un de ces films mythiques et indépassables dont on ne se lasse pas de voir et de revoir les morceaux de bravoure ?

Et Dieu sait s’il y en a, des scènes réussies, de la rencontre de Mario (Yves Montand) et de M. Jo (Charles Vanel) autour de « Valentine« , la rengaine sifflotée par l’un et reprise par l’autre jusqu’au passage dans la mare de pétrôle échappé de l’oléoduc, sans oublier le passage sur la « tôle ondulée » et l’angoisse à la perspective d’un choc des camions bourrés de dynamite…

Un estomac délicat pourrait juger trop typés les personnages, le petit voyou finalement bien courageux que joue Montand, la lavette orgueilleuse interprétée par Vanel (parfait, comme d’habitude), l’Italien (Folco Lulli) et l’Allemand (Peter van Eyck) un peu caricaturaux, mais cette schématisation fonctionne d’autant mieux que c’est vraiment un film de mecs.

Et ce n’est pas la présence de l’exaspérante Vera Clouzot qui me fera écrire le contraire (on sait tout le mal que je pense de cette manie de grands réalisateurs de faire jouer dans leurs films leurs petites camarades de lit, Pagnol avec Orane Demazis, Guitry avec Jacqueline Delubac, et, donc, Clouzot).

Leave a Reply