Moins intelligent, plus efficace.
Le deuxième épisode de l’épopée d’Ellen Ripley (Sigourney Weaver) est beaucoup moins subtil, beaucoup moins intelligent, beaucoup moins cérébral que le premier, mais il est beaucoup plus efficace, beaucoup plus rythmé, beaucoup plus brutal que le premier. Ce qui fait qu’en fin de compte, il est tout aussi intéressant, même s’il a moins de qualité intrinsèque.
Il y a bien des balourdises, bien des facilités, naturellement, qui, lors de la première heure fatiguent et même agacent : le scepticisme jeté sur Ripley par les tout puissants administrateurs de la Compagnie, le profil de têtes brûlées des Marines envoyés sur l’astre glacial où se niche une colonie de monstres et qui rivalisent de vulgarité, de jactance et de suffisance, la nunucherie de la présence de la petite fille Newt (Carrie Henn), trop faite pour rappeler aux esprits forts et aux âmes rugueuses que Ripley, qui après le premier épisode de la série, a dérivé un demi-siècle dans l’espace, a perdu sa propre fille…
David Cameron utilise avec volupté tous les procédés, toutes les ficelles des films d’épouvante, ne se refusant aucune des facilités horrifiques qui conduisent les héros, dès qu’ils se croient à peu près hors de danger à découvrir qu’ils n’ont jamais été aussi proches d’être croqués par un Alien bavant et gluant ; mais le principal, c’est que ça marche et que l’inventivité du réalisateur, l’imagination du scénariste font qu’à chaque occasion on est saisi, et même épuisé par la répétitivité des risques.
Il y a tout de même beaucoup trop de protagonistes, beaucoup trop de personnalités et de figures boucanées pour que ce soit pleinement réussi ; et beaucoup trop d’actions de combat : on s’y perd, ou presque, et ce qui doit donner, sur un grand écran, de belles émotions immédiates, brutales, en quelque sorte, devient sur le petit écran, une accumulation de massacres un peu languissante. Heureusement, et au fur et à mesure que le film s’avance, on se débarrasse de beaucoup de monde pour en venir à l’essentiel, le charisme et l’invraisemblable courage de Ripley.
C’est vraiment totalement hollywoodien, mais comme ça ne se refuse rien, c’est d’une remarquable efficacité narrative : on sait bien que Ripley, confrontée aux pires situations, va s’en sortir finalement, mais jusqu’au moment où elle parvient effectivement à se débarrasser de l’adversaire, on frémit pour elle.
C’est beaucoup moins innovant qu’Alien, beaucoup moins subtil, mais comme ça fonctionne un maximum, il serait vraiment sot de bouder son plaisir.