Femmes entre elles

Mention passable.

La tonitruante Journée de la femme venant d’avoir lieu, ornée de ses éternels lieux communs et de ses éternelles pleurnicheries, je me suis dit qu’il était opportun de regarder un film qui, selon le texte de présentation de son édition DVD est une chronique des relations délétères au sein d’un groupe de femmes (pour rester dans le lieu commun, je dirais qu’il s’agit là d’une expression pléonastique). Michelangelo Antonioni, aux temps où les Cahiers du cinéma bavaient sur lui d’adulation (L’Avventura, La nuit, L’Éclipse) et crachaient sur Henri Verneuil et Gilles Grangier m’avait paru être un de ces faiseurs qui ont empuanti le cinéma au même titre que l’heureusement récemment disparu Alain Resnais et toute sa cohorte. Femmes entre elles est de quelques années antérieur aux films cités et n’en comporte assurément pas tous les travers irritants de vacuité et d’inconsistance.

Cela dit, ça me paraît bien loin des chefs-d’œuvre néo-réalistes de Rossellini ou de De Sica et naturellement de ceux de la comédie italienne. Et ça m’a fait fortement penser à un film – de moindre qualité, il est vrai – Les Tricheurs de Marcel Carné : monde où une bourgeoisie assez vaine passe son temps à perdre son temps et où la vanité des choses, les flirts sans lendemain et l’ennui de n’avoir rien à faire conduisent à un malaise générationnel.

Femmes entre elles est un peu lent, met un temps fou à poser les personnages, à les présenter ; ça manque de rythme, de vivacité et d’esprit. Une fois les protagonistes mis en scène, dans la courte deuxième partie, ça s’améliore, parce qu’on a fait connaissance avec eux et qu’on commence à s’intéresser à leur histoire ; mais ça traine tout de même pas mal.

Heureusement la belle idée de présenter les interrelations entre cinq femmes donne de l’originalité au récit. On se dit simplement qu’il est bien dommage qu’Antonioni ait tourné un film qui se passe dans les milieux de la mode à un moment où celle-ci était la plus hideuse de l’histoire de l’humanité (il est arrivé la même punition à Jacques Becker quand il a tourné Falbalas). J’ai été plutôt déçu par Eleonora Rossi Drago, assez mal mise en valeur par le cinéaste ; il est vrai que son rôle de jeune femme issue d’un milieu modeste qui sacrifie un possible amour à son ambition est un peu compliqué ; en revanche, j’ai trouvé parfaite et bien séduisante Yvonne Furneaux, qui joue avec amoralité et charme une jeune femme assez vénéneuse. Les hommes sont flous, incertains, indécis. Sans intérêt ; on se demande, par exemple, ce que Rosetta (la bien belle Madeleine Fischer, pourtant presque toujours en ballerines) et Nene (Valentina Cortese) peuvent bien trouver à Lorenzo (Gabriele Ferzetti), peintre raté, grognon et inutile…

Femmes entre elles est intelligent, mais verbeux, trop lent, un peu lacrymal, et forcément un peu femelle (sanglots, soupirs, regrets, remords). Ça ne me donne pas vraiment envie de revisiter Antonioni

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