À toi de jouer, Callaghan !

De dixième ordre.

Peu féru de romans policiers et donc guère connaisseur du genre, mais toujours soucieux d’élargir les bornes de ma science, je serais particulièrement reconnaissant à un amateur qui m’expliquerait clairement les différences des personnages issus de la plume fertile de Peter Cheyney (1896 – 1951) c’est-à-dire Lemmy Caution et Slim Callaghan ; différences de caractère, de comportement, de façons de faire qui peuvent exister entre eux, qui sont tous deux des aventuriers, aimant les bagarre, les belles voitures, la vie dorée des palaces, l’un et l’autre étant aimés des femmes plutôt légères et les aimant tout autant.

On me dira que c’est un peu la loi de ce type de littérature qui, souvent, suscite les surenchères. À peu près à la même époque (un peu plus tard, en fait), les monumentaux succès de James Bond (les premiers, évidemment, ceux de Sean Connery, c’est-à-dire Dr NoBons baisers de RussieGoldfinger, Opération Tonnerre, entre 1962 et 1966) ont suscité les délicieuses parodies mettant en scène Derek Flint (Notre homme Flint 1966, F comme Flint 1967) idéalement interprété par James Coburn mais aussi les moins réussies incarnations de Matt Helm par Dean Martin entre 1966 et 11968. (Matt Helm agent très spécialBien joué Matt HelmMatt Helm traquéMatt Helm règle ses comptes

Cette démonstration d’érudition cinématographique étant faite, j’en viens au film. Slim Callaghan (le bien pâlot Tony Wright) est une sorte de détective privé qui est chargé, dans ce film, de démasquer une escroquerie à l’assurance. Ce film de 1955 étant le premier d’une série de quatre, il faut donc lui ajouter Plus de whisky pour Callaghan, (1956), Et par ici la sortie (1957), Callaghan remet ça (1960) ; comme je m’engage à regarder (ou re-regarder) tout ce fourbi, je vous dirai si le héros conserve les mêmes oripeaux.

Il n’y a pas grand-chose à sauver dans le film : la musique – et les quelques chansons interprétées dans les cabarets emplumés – est au-dessous du possible ; à part présenter des décolletés vertigineux et agréables les filles sont insignifiantes ; les bagarres m’ont fait penser au deuxième cours de judo dispensé à ma petite-fille qui avait alors cinq ans ; les dialogues sont absolument ternes ou complétement ridicules ; les seconds rôles paraissent avoir fait les beaux jours d’un théâtre confiné dans la Champagne pouilleuse et seul l’ami Paul Demange (dans le rôle d’un barman outrageusement homosexuel) sort un peu de l’ordinaire. Et revoir Raymond Cordy, le premier rôle de À nous la liberté de René Clair en 1931 ou l’ivrogne qui suit Jean Gabin qui se promène au bord de l’eau dans La belle équipe de Julien Duvivier en 1936, revoir Cordy en simple portier de boite de nuit montre ce que peuvent être les déchéances des acteurs.

Puis, et peut-être surtout, l’intrigue est tellement embrouillée, contorsionnée, incompréhensible qu’on s’ennuie à cent sous l’heure. C’est lourd, lent, nul, laid. Mais bon… La Côte d’Azur de 1955, c’est tout de même plus intéressant que la Birmanie ou l’Afghanistan…

 

Leave a Reply