Alien 3

Ça tire à la ligne…

Je suis bien déçu par ce troisième volet de la série, vu dans la continuité des deux premiers, mais où je n’ai pas retrouvé l’intelligence des situations et la qualité cinématographique que j’attendais. Sans doute l’intérêt de toute mythologie qui se prolonge est difficile à maintenir et, comme on connaît les codes, on est de moins en moins surpris par les irruptions des monstres qui doivent pourtant effarer encore et encore. Les plus forts des. mythes sont ceux qui s’ancrent dans des réalités anciennes, séculaires. Et il faut passablement de temps pour qu’ils irriguent l’imaginaire commun.

Alien 3 est esthétisant et verbeux, bien loin de la sécheresse et de la limpidité d’Alien, mais aussi beaucoup moins efficace et haletant que Aliens, le retour ; peut-être aurais-je dû regarder la version courte, celle qui a été présentée au cinéma, mais je me suis dit que la version longue devait mieux correspondre aux intentions du réalisateur. Bien mal m’en a pris : j’ai trouvé interminable ce long film bavard, dont la plupart des péripéties finales sont incompréhensibles (je pense à tout ce qui précède l’enfermement du monstre dans la cuve à plomb fondu, où les prisonniers courent dans tous les sens en beuglant des ordres, alors qu’on n’a aucune perception topologique du piège qu’ils tendent).

Et c’est très mal filmé, avec les tics incontournables du cinéma d’aujourd’hui, des gros plans sans raison, un montage saccadé, des mouvements brutaux de caméra, toutes choses faites pour un grand écran avec des haut-parleurs qui essorillent afin d’étourdir les spectateurs par le maelström d’images et de sons. C’est très esthétisant et – paradoxe seulement apparent – extrêmement gore, mais les surprises horrifiques – celles qui vous coupent le souffle et vous glacent le sang – sont bien rares : on sait bien que l‘Alien va surgir au moment où on l’attend et ça ne rate pas. Parmi les rares bonnes idées, celle de le faire surgir, apparemment indemne d’un bain de plomb fondu dont tout esprit formé aux leçons d’histoire du temps jadis et à la défense des châteaux forts pensait qu’on n’y pouvait résister.

alien-3-05-gEllen Ripley (Sigourney Weaver) capte absolument toute la lumière et aucun des autres acteurs ne parvient à exister ; il y aurait bien eu le Docteur Clemens (Charles Dance), amant improvisé et médecin pondéré, mais il disparaît trop vite du territoire, tué par le Monstre ; il y aurait bien Dillon (Charles S. Dutton), prédicateur singulier et homme courageux, mais on sait si peu de lui… Les prisonniers de la colonie pénitentiaire n’ont aucune épaisseur, aucune substance, rien qui puisse susciter un minimum d’empathie.

Qu’est-ce qui m’empêche de mettre moins de la moyenne, alors ? La lumière, gris vert ou gris acier, l’esthétique de la crasse et de l’angoisse, le fou Golic (Paul McGann) fasciné par la Bête, qui m’a fait songer au Renfield des Dracula ; pas grand chose, en fin de compte…

Et en plus à la fin, Ripley se suicide, alors qu’il me reste à regarder Alien, la résurrection, de Jean-Pierre Jeunet, film dont on m’a dit grand mal…. comment les scénaristes se sont-ils débrouillé pour la faire revenir ?

La suite au prochain numéro !

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