Pour la première fois que je regardais un film d’Arnaud Desplechin, qui a une réputation d’intellectuel gauchiste compliqué, je ne peux pas dire que je me sois ennuyé. J’ai même beaucoup apprécié certaines scènes, certaines parties, notamment la présentation que fait le réalisateur de son personnage Nora Cotterelle (Emmanuelle Devos, excellente comme toujours). Cette drôle de femme dont on voit vite la fragilité et l’incertitude paraît pourtant être une de ces femmes modernes bien ancrées dans un monde agréable de gens cultivés, aisés, connivents, qui vivent entre la rue Jacob et le boulevard Saint Germain. J’ai trouvé très juste et fin tout ce qui la concerne, au moins au début, notamment la montée de son inquiétude devant la maladie de son père (Maurice Garrel, qui, au demeurant, a plus de talent que ses fils et petit-fils réunis). (suite…)
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Rois et Reine
samedi, mars 14th, 2015Délivrance
vendredi, mars 13th, 2015La nature est une tueuse indifférente…
C’est un des films les plus angoissants qui se puissent, une nature filmée dans sa formidable indifférence à l’homme (beaucoup plus d’indifférence que d’hostilité) et une question qui se pose à nous tous qui vivons dans la confortable civilisation occidentale moderne ; qu’est-ce que nous faisons si la sauvagerie vient s’attaquer à nos codes policés ? (suite…)
Les rois maudits
mardi, mars 10th, 2015Plus de 1500 pages dans l’édition Omnibus ; plus de dix heures de télévision découpées en six épisodes diffusés entre décembre 1972 et janvier 1973. Du lourd, du solide, de l’abondant. Je ne connais pourtant personne qui ayant commencé à tourner les pages du Roi de fer, premier volume de la série, se soit arrêté en route ; et je ne crois pas que beaucoup de téléspectateurs, aux temps anciens où la petite lucarne avait des ambitions, aient décroché de l’histoire fastueuse adaptée du roman de Maurice Druon par Marcel Jullian, mise en images par Claude Barma.
X-Men : Days of Future Past
lundi, mars 9th, 2015Quelqu’un qui me veut du bien m’a prêté X-Men : Days of Future Past de façon que je puisse profiter au maximum de mon tout récent lecteur de Blu-Ray grâce à un film moderne, conçu pour une qualité maximale de l’image. Ce quelqu’un avait essayé, de surcroît, pour m’appâter, de me faire croire qu’il s’agissait d’un film. Il a dû admettre avec élégance, au cours d’une conversation, que, comme tous les films pour adolescents d’aujourd’hui, il s’agissait d’une bande dessinée mise en valeur par les formidables moyens d’illusion que permettent les trucages numériques. (suite…)
Les yeux sans visage
vendredi, mars 6th, 2015Poésie de l’angoisse
Le propre des grands films est qu’on ne se lasse pas de les voir et revoir, goûtant un peu mieux chaque fois la maîtrise du réalisateur et la qualité de son récit. Un grand bonheur aussi est de vibrer comme si on ne connaissait pas sur le bout du doigt les péripéties des Yeux sans visage et on se laisser aller à emprunter les fausses pistes tendues par Georges Franju dans ce film bref (1h25), tendu, concentré. (suite…)
L’Œil du Malin
mercredi, mars 4th, 2015On ne peut pas, en découvrant L’Oeil du Malin de J. Lee Thompson, qui date de 1966, ne pas songer à un autre film britannique, postérieur (1973), mais de bien plus grande notoriété, The wicker man de Robin Hardy, oeuvre-culte qui a même donné lieu à un remake étasunien en 2007. L’un et les autres mettent identiquement en scène une communauté villageoise apparemment intégrée normalement au monde moderne, mais demeurée païenne et qui pratique le sacrifice humain rituel comme un des Beaux-Arts. (suite…)
Blade runner
mardi, mars 3rd, 2015Rien ne vieillit tant que l’avenir.
Blade runner est censé se dérouler en 2019 ; voilà que nous y sommes presque et que cette image sordide du futur qui est donc désormais notre présent, apparaît vieillie, démodée, ringarde… Comme à peu près toute la science-fiction, qui était entre 1950 et 1980 un genre majeur, qu’on croyait porteur de sens et qui semble avoir succombé aujourd’hui, noyée dans les récits d‘heroïc fantasy et les histoires de vampires, c’est-à-dire dans le retour au bon vieux conte de fée. (suite…)
Belle de jour
jeudi, février 26th, 2015Luis Bunuel, issu d’une famille bourgeoise guindée de l’austère Espagne du dernier siècle, a eu beau se révolter et ruer dans tous les brancards : il porte en lui les névroses obsessionnelles qui identifient le plaisir physique à une épreuve douloureuse et compliquée. Je suppose qu’on pourrait trouver dans la totalité de ses films ces angoisses hallucinées, mais il y en a certains où cette fascination/répulsion du sexe est au premier plan : Susana la perverse, El (Tourments), La vie criminelle d’Archibald de La Cruz, Viridiana dans la période mexicaine, mais aussi Le journal d’une femme de chambre, Tristana, Cet obscur objet du désir plus tard, et, naturellement, Belle de jour qui demeure un de ses films les plus célèbres.
Macbeth
mercredi, février 25th, 2015Lorsqu’un des plus grands textes du monde occidental est ainsi filmé, avant même d’être capté par le discours sur le pouvoir et les égarements qu’il entraîne, on est forcément interrogé par le passage de la scène à l’écran et tout ce que le cinéma a pu apporter à la tragédie. Car, c’est entendu, le questionnement inquiet de William Shakespeare sur la tentation de réaliser un destin dans le sang, le massacre et l’horreur figure parmi les bases de notre culture. À un moment donné, le crime ne peut plus reculer sauf à rendre inutiles tous les crimes commis jusqu’alors. Et c’est la même chose pour la torture, qui trouve sa seule justification dans le succès donné par l’aveu. On sait depuis 1606 que la vie est une histoire pleine de bruit et de fureur, racontée par un idiot, et qui ne signifie rien. (suite…)
American sniper
lundi, février 23rd, 2015Quand on a saisi que Clint Eastwood réalise la biographie filmée d’un authentique tireur d’élite qui a dégommé je ne sais plus combien de terroristes en Irak et qui a été assassiné, aux États-Unis, en février 2013 (c’est-à-dire il y a fort peu de temps) par un ancien Marine tourneboulé et dépressif, on comprend pourquoi le réalisateur ne fait grâce au spectateur d’aucune séquence