J’ai bien dû voir le film sept ou huit fois et ma dernière vision, qui date d’hier, n’a pas changé mon point de vue : La règle du jeu est comme Jean Renoir a dit qu’il voulait le faire, avant de se rétracter, pour ne pas désespérer ses admirateurs fanatiques, un bon petit film normal. C’est exactement le jugement qu’a eu la critique, en 1939, lors de la sortie sur les écrans et, s’il n’avait pas en étant charcuté d’abord, en disparaissant ensuite, acquis un statut de film mythique, acclamé lors de sa restauration en 1959, on le classerait aujourd’hui bien en deçà des grands films du réalisateur. C’est-à-dire, à mes yeux, Le crime de Monsieur Lange, La grande illusion, French Cancan et, au dessus de tout, le moyen métrage Une partie de campagne. (suite…)
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La règle du jeu
vendredi, janvier 30th, 2015Snow therapy
jeudi, janvier 29th, 2015Ma femme en ayant entendu dire du bien sur les ondes m’a poussé à l’accompagner voir Snow therapy. Elle était légèrement gênée, comme si elle m’avait entraîné dans un mauvais lieu, lorsque nous sommes sortis de la salle, sous la froide pluie parisienne. Mais je ne pouvais pas lui donner tort : le film du Suédois Ruben Östlund est encensé d’une palanquée de critiques, a reçu, à Cannes le prix du Jury de la section Un certain regard et une demi-douzaine de récompenses dans d’autres festivals. D’une certaine façon, remarquez bien, c’est de ce consensus douteux que j’aurais dû me méfier.
Agathe Cléry
mercredi, janvier 28th, 2015Très curieuse, tout de même cette décadence continue du cinéma d’Étienne Chatiliez qui semble avoir épuisé en deux films et demi toute sa créativité et être condamné à chuter toujours plus profondément dans un cinéma indigent, ridicule, indigne, même. (suite…)
La nuit est mon royaume
lundi, janvier 26th, 2015Vive le mélodrame où Margot a pleuré !
Ah que c’est bel et bon un vrai mélodrame quand ça croit à son propre discours, quand ça n’hésite pas à en faire des tonnes dans le pathétique et la noblesse des sentiments ! (suite…)
À bout de souffle
lundi, janvier 26th, 2015Bafouillant et chichiteux.
On se demande si on n’a pas abusivement placé sous l’étiquette de Nouvelle vague des films aussi différents que Les cousins, Les Quatre cents coups et À bout de souffle.. Le film de Claude Chabrol est sorti sur les écrans parisiens en mars 1959, celui de François Truffaut en juin, celui de Jean-Luc Godard l’année suivante, le 16 mars. Et l’acte officiel de naissance de cette Vague, c’est d’ailleurs plutôt Le beau Serge, de Chabrol déjà. De fait, si l’on peut trouver à tous ces films un air de famille dans la libre façon de filmer, d’ailleurs plus provocante, plus exagérée chez Godard, il y a peu de parentés entre des chroniques conduites de façon assez traditionnelle et À bout de souffle. (suite…)
La fièvre monte à El Pao
dimanche, janvier 25th, 2015Car, comme disait Lénine, « Que faire ? »
Il me semble que ce dont on se souvient le plus, pour La fièvre monte à El Pao, c’est que ce fut le dernier film de Gérard Philipe et non pas un film du terrible et fascinant Luis Bunuel. D’une certaine façon, on a bien raison, parce que cette œuvre de commande manque un peu de ce qui est une des qualités majeures du réalisateur : l’étrangeté. (suite…)
Un héros très discret
vendredi, janvier 23rd, 2015Il y a un peu, au tout début de Un héros très discret, une effluve de ces films qui ont scruté avec les yeux d’aujourd’hui ce qu’on a appelé impeccablement L’entre deux guerres, la révérence envers les héros de 14, la stupéfaction d’être sorti vivant du massacre, l’amertume de ceux qui restent là dans la sidération devant les vies coupées net sur la Marne ou aux Éparges, veuves et orphelins, témoignages en statues de sel de ce qui est arrivé. Les années folles… Tu parles ! Je veux bien le jazz, le charleston, le Bœuf sur le toit, le surréalisme, Marie-Laure de Noailles, L’âge d’or et tout le bataclan. Songer aussi aux mutilés de guerre, aux gueules cassées, aux pensions qu’on s’efforce d’obtenir, aux intérieurs rances, à la catatonie qui frappe tant et tant de survivants. (suite…)
Invitation à la danse
mercredi, janvier 21st, 2015Comment qualifier Invitation à la danse, qui ne ressemble à rien que je connaisse, qui n’est pas une comédie musicale, elle-même fondée sur une histoire entrecoupée de numéros dansés et chantés dans une optique charmante et artificielle, de Top hat aux Demoiselles de Rochefort en passant par les légendes mythiques du genre, Chantons sous la pluie et Les Sept femmes de Barbe-rousse, et pas davantage un simple spectacle de danse filmé ?
Satan mon amour
mardi, janvier 20th, 2015Il n’est pas mal du tout, ce film qui va chercher un peu partout ses références dans la vogue sataniste surgie au cinéma après le succès de Rosemary’s baby en 1967. Sans doute, d’ailleurs est-ce du film de Roman Polanski que Mephisto Waltz (titre à tous égards préférable au titre français, Satan mon amour) est le plus proche : la prise de possession d’un individu un peu étriqué, mais à l’ambition vorace et au caractère ductile par une secte adoratrice du Prince des Ténèbres. Les deux films fonctionnent sur les mêmes ressorts jusqu’à montrer de la même manière la surprise puis l’inquiétude de l’épouse peu à peu supplantée puis délaissée.
Tu m’as sauvé la vie
samedi, janvier 17th, 2015Guitry, l’âge du fer
Si je titre cet avis Guitry, l’âge du fer, c’est en référence à ce superbe coffret de l’artiste qui s’appelle Guitry l’âge d’or, qui a repris et mis en valeur les plus grands films d’avant-guerre du magicien, du Roman d’un tricheur à Remontons les Champs-Élysées, et en attente de ce que l’on pourrait appeler L’âge de diamant (comme les noces de même pierre précieuse !) qui vont de La Poison à Assassins et voleurs en passant par les grandes fresques historiques (dont la plus célèbre est naturellement Si Versailles m’était conté). (suite…)