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Umberto D

mercredi, décembre 31st, 2014

Dignité de la misère

Mais qui est Umberto Domenico Ferrari, au juste, que nous allons suivre l’espace de quelques jours ou de quelques semaines dans la Rome de 1952 ? Nous ne le savons pas, pas plus que nous ne saurons ce qu’il va lui advenir alors que le mot Fin s’est inscrit sur l’écran et que rien de ce que nous lui avons vu endurer n’a changé. La fortune, la jeunesse ou la chaleur humaine ne lui sont pas tombées du Ciel. Au moins dans Miracle à Milan, la parabole à la fois la plus belle et la plus douce de Vittorio De Sica, les pauvres, conduits par Toto (Francesco Golisano) s’évadent de la Terre, qui leur est si dure, pour gagner le Paradis. Mais Umberto D va rester encore quelque temps ici-bas à jouer avec son petit chien Flike et dès qu’il aura fini de lui lancer une balle ou de le faire se dresser sur ses pattes, la misère et la solitude viendront lui faire un clin d’œil vorace. (suite…)

L’aventure de Mme Muir

mercredi, décembre 31st, 2014

Conte de fées pour grandes personnes.

Je ne suis pas autant tombé, ou retombé, sous le charme que je l’espérais, mais j’ai été très séduit non seulement par l’extraordinaire beauté de Gene Tierney (qui ne le serait ?), mais aussi par l’atmosphère romanesque et ravissante de ce conte de fées pour grandes personnes. Cela dit et paradoxalement, ce sont sans doute ces mêmes aspects qui me retiennent d’aller jusqu’au chef-d’œuvre, ni même à la note maximale.

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Quai d’Orsay

mercredi, décembre 31st, 2014

Et les Shadoks pompaient, pompaient…

Surtout, et sous le prétexte que le film est réalisé par le même Bertrand Tavernier, ne pas penser qu’il pourrait se comparer à Que la fête commence qui présentait avec une force rare ce que j’avais appelé dans mon commentaire d’alors L’angoisse du Pouvoir : le moment où le détenteur de ce Pouvoir doit prendre des décisions dont la gravité dépasse la plupart du temps la norme humaine. Dans Quai d’Orsay n’est montrée que l’écume des choses, le tressautement hystérique, le rythme infernal d’un cabinet ministériel contemporain, ce qu’Albert Cohen appelait le tremblement inutile des gens qui mourront demain. Et encore est-ce présenté sous une forme plaisante, sarcastique, moqueuse alors que l’excellent Exercice de l’État montrait la face grave, la face sombre de l’impuissance dans quoi nos civilisations et nos pays sont tombés.

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Louise-Michel

mardi, décembre 30th, 2014

Sale cinéma.

Parce que je me dis qu’à chaque fois que Yolande Moreau apparaît à l’écran il va se passer quelque chose d’intéressant, j’ai voulu regarder Louise-Michel ce soir. J’étais pourtant prévenu, depuis le piteux Le grand soir vu il y a quelque temps que Gustave Kervern et BenoÎt Delépine n’étaient que des lanceurs d’idées, incapables de tenir un film dans la durée. Je me suis laissé avoir.

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Fédora

mardi, décembre 23rd, 2014

Décalque sans qualités.

Je dois avoir un problème avec le cinéma de Billy Wilder, porté aux nues par la critique et le public mais dont le ton ne me satisfait pas complètement, en tout cas ne parvient pas à m’emballer, ce qui est regrettable pour un cinéaste de telle notoriété.

Il est vrai que je n’en suis que modeste connaisseur, n’ayant vu de lui avant Fedora, découvert hier soir sur Arte, qu’Assurance sur la mortCertains l’aiment chaudIrma la douceLa vie privée de Sherlock Holmes et Avanti, films qui m’ont donné l’impression que c’est un aimable faiseur, souvent désinvolte, toujours égrillard, en tout cas constamment superficiel et en aucun cas un réalisateur majeur…

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La grande vadrouille

mardi, décembre 23rd, 2014

On a aimé ça…

Que La grande vadrouille ait été pendant des années le plus grand succès du cinéma français et que certains en parlent encore avec émotion laisse tout de même un peu perplexe, voire un peu gêné. En 1966, date de sa sortie, nous connaissions déjà Le cave se rebiffe, Les tontons flingueurs, Cent mille dollars au soleil, Les barbouzes, c’est-à-dire la meilleure veine de Michel Audiard et nous sommes allés nous extasier devant le cinéma spectaculaire et falot de Gérard Oury ? C’est bien vrai ?

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Les miracles n’ont lieu qu’une fois

vendredi, décembre 19th, 2014

les_miracles_n_ont_lieu_qu_une_fois02Beau, rare et triste…

Dès qu’on voit liés à l’écran les noms du réalisateur Yves Allégret et du scénariste Jacques Sigurd, on sait qu’on va aller dans les marécages : qui a vu Dédée d’Anvers, Une si jolie petite plage et surtout Manèges (leur chef-d’œuvre) sait bien que c’est dans des eaux noirâtres que ces deux-là nagent au mieux. Fiels et haines, noirceurs perverses, vies gâchées, fatalité écrasante qui esquinte les existences. (suite…)

Le dernier train de Gun Hill

mardi, décembre 16th, 2014

Beau western classique.

Les chevauchées à bride abattue, les ciels immenses et les plaines sans fin, les saloons où l’on boit des litres (je devrais écrire des gallons) de whisky, les filles perdues empanachées et leur drôle d’existence, les colts qui font mouche à tous les coups, les étoiles portées fièrement par les shérifs, les mœurs rudes et les règlements de compte expéditifs, la montée des périls au fur et à mesure que le film avance, tout cela fait partie de notre imaginaire et de nos souvenirs, même pour ceux qui trouvent que le western a un peu abusé de ce folklore…

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L’homme de Rio

lundi, décembre 15th, 2014

Tintin au Brésil.

Vu et revu depuis cinquante ans, L’homme de Rio est toujours ce chef-d’œuvre qui ne s’arrête pas une seule minute, qui a rythme, esprit, goût et sens du mouvement, qui est finalement la seule et unique représentation cinématographique du plus célèbre et du plus intéressant personnage de la bande dessinée, Tintin, bien au delà des pâlottes tentatives de reconstitution (les anciennes, (Tintin et le mystère de la Toison d’or, Tintin et les oranges bleues) ou la récente Tintin : le secret de la licorne) et des dessins animés fauchés qui ont prétendu en reconstituer le charme absolu.

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L’inconnu du lac

dimanche, décembre 14th, 2014

Cris et suçotements.

Je précise d’emblée que le titre Cris et suçotements de cet avis n’est pas de moi mais du critique cinématographique de Paris Match, qui a osé ce jeu de mots d’assez mauvais goût qui caractérise tout de même assez bien un film qui était un des favoris, avec La vie d’Adèle pour obtenir le César du meilleur film cette année. Cinématographiquement, je me veux  l’esprit large et les scènes de sexe ne m’ont jamais fait pousser des cris d’orfraie ; ma vie, mes goûts, mon imaginaire ne me poussent absolument pas – mais alors vraiment pas – vers mon propre sexe, mais enfin je sais bien qu’il y a une partie non négligeable de l’humanité qui a une toute autre orientation (comme on dit : j’écrirais plutôt détermination).

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