Tout finit bien puisque tout finit a écrit le grand Jacques Chardonne. La formule, si belle et si exacte s’appliquait naturellement à autre chose qu’à une série minable de films fauchés des années 50, mais elle leur convient pourtant bien. Après l’ultime opus, qui est donc Callaghan remet ça, les producteurs ont dû juger que les résultats financiers s’effritaient et que la chute du nombre des spectateurs dans les salles ne donnait pas envie de remettre cent sous dans la machine. Donc, fin finale de l’incarnation du numéro 2 des aventuriers créés par Peter Cheyney.
J’ai cru un court, très court moment, pourtant, au vu des premières séquences, que j’allais décerner à ce quatrième volume de la série une note un soupçon meilleure qu’à celles, désespérantes et nulles, des trois premiers. C’est que les débuts se passent dans les milieux du catch, sorte d’hystérie chorégraphiée qui a ébloui, au début des années 60, quelques gogos – dont j’étais – pour leur faire croire que c’était un véritable sport.
Portés par la voix enthousiaste de Roger Couderc qui délaissait en ces moments les exploits du XV de France, il y avait d’étranges types baraqués qui se livraient à des simulacres de luttes féroces et faisaient frémir les spectateurs : L’ange blanc, Le bourreau de Béthune, Le petit prince, Chéri-Bibi, Delaporte et Duranton rassemblaient des spectateurs un peu chtarbés dans la salle de l’Élysée Montmartre. Après tout, pourquoi pas ? C’était idiot, mais ça ne faisait du mal à personne.
Hélas, au lieu d’une étude un peu sociologique de ce drôle de milieu, on revient à une histoire beaucoup plus banale, très traditionnelle : une escroquerie à l’assurance que Callaghan (le toujours aussi insignifiant Tony Wright) est chargé par la grande compagnie Lloyd’s de résoudre.Ne soyons pas trop injuste : le premier quart d’heure se passe de fait autour du ring et des combats truqués par Ricardo, dit Le Baron (Robert Berri, comme toujours) qui opposent deux comparses aux noms tonitruants, Le masque aux dents blanches et Le barbu de l’Arizona. Pour des raisons que je ne me rappelle plus, Callaghan démantèle le trafic et fait exploser le système des paris truqués.
C’est alors qu’il peut se consacrer, à l’instigation de son ami et mentor Neck (André Luguet) à l’affaire de l’assurance. Notons, pour l’exhaustivité de l’exposé que Neck a exactement le rôle de Nichols que tenait Robert dans les premiers épisodes : un complice sage, narquois, ironique et aussi passionné par les femmes que son ami. Neck convainc Callaghan de se pencher sur la disparition d’une quantité de diamants (15250 carats ! mâtin) qui étaient transportés dans un avion qui reliait Bangui à Paris. Il va de soi qu’au moins un membre de l’équipage était le malandrin ; pourquoi pas celui qui, depuis le vol, quatre ans auparavant, est mort ? Il s’agit de retrouver le disparu.
Callaghan, assisté de sa secrétaire Carola (Geneviève Kervine) parvient sans trop de difficulté à mettre la main sur Willy Robert (Nicolas Vogel) qui vit dispendieusement dans un beau coin de l’Estérel avec sa maîtresse Ruby (dite La dorure Fabienne Dali). Imaginez la suite et ne comptez pas sur moi pour vous la raconter.Je demeure effaré, au bout de quatre films de la médiocrité de la tenue de ce cinéma-là : bagarres enfarinées, scènes grotesques (ainsi dans un marché aux poissons, poulpes et sardines glissés dans le décolleté des dames, ainsi un bal costumé où les sexes sont inversés).
C’est très très mauvais. Fuyez !