Confession d’un commissaire de police au procureur de la République

Confession-d-un-commissaire-de-police-au-procureur-de-la-république-Qui que tu sois, quoi que tu fasses…

Alors même que la vision, qui n’est pas très ancienne de Gomorra ou de la première saison de La Piovra devraient m’avoir initié à l’effarante main-mise de la corruption sur le sud de l’Italie, je demeure toujours vaguement interloqué devant l’importance des soubassements de cette corruption. Je ne fais pas mine d’ignorer qu’elle sévit partout dans le monde, France comprise, mais elle prend en Sicile ou en Calabre un caractère de fatalité, d’inéluctable maîtrise, avec ses régiments de tueurs sans scrupules, la pourriture de tous les pouvoirs publics, élus, magistrats, policiers, la résignation de la population, la peur de tout ceux qui en approchent.

19730191.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxDès lors, quelle échappatoire ? Il est tout de même assez surprenant, glaçant, même de voir presque célébré pour seule solution le mythe du justicier solitaire, dans un film censé être de gauche et tout enluminé de résurgences marxistes. On n’est pas si loin dans Confession d’un commissaire de police des Escadrons de la mort (les scuderias) des favelas brésiliennes, groupes de policiers qui se préposent au nettoyage des criminels, trop difficiles à neutraliser par les moyens légaux.

À ceci près, évidemment, qui n’est pas négligeable, que le film met en scène un homme seul, Bonavia (Martin Balsam) qui se bat contre à peu près tout le monde, finit par avoir tout le monde contre lui et par aller chercher une mort crapoteuse dans la prison où il a été enfermé pour avoir lui-même assassiné la crapule Lomunno (Luciano Catenacci).

Le film de Damiano Damiani se laisse voir avec beaucoup de plaisir, malgré certaines invraisemblances de scénario ; il m’a semblé moins un film politique qu’un thriller.

19730189.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxCeci n’est pas en absolue contradiction avec ce que j’écris au premier paragraphe : une fois admise la corruption généralisée, tout se passe comme dans un policier classique, très efficace, agrémenté par le conflit intelligemment présenté entre le Commissaire Bonavia et le Substitut Traini (Franco Nero), l’un et l’autre honnêtes mais si différents dans leur origine sociale, leur expérience, leur caractère qu’ils ne peuvent s’entendre et se comprendre que lorsqu’il est trop tard. Et puis le réalisateur a le sens de l’horreur filmée : l’assassinat du petit berger jeté du haut d’une falaise simplement parce qu’il a été témoin d’un crime, le coulage de la malheureuse Serena (Marilu Tolo) dans un poteau en béton donnent des images impressionnantes…

Tout comme est impressionnante la séquence finale entre le corrompu Procureur Malta (Claudio Gora) et son vif Substitut, qui comprend en un seul regard toute son impuissance.

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