Cours, Lola, cours !

Quel rythme !

Voilà un film très bien fait, rythmé comme un TGV, haletant, drôle, malin, intelligent, dont la brièveté est vertu et dont la complexité de construction n’est jamais gênante.

Si cette sorte de présent parallèle n’est pas une innovation au cinéma, elle demeure très excitante intellectuellement. Je n’ai pas vu Groundhog Day, que certains ont évoqué, mais j’ai le souvenir d’une séquence de ce type dans le terrifiant Funny games : on revient à la racine d’un événement (on rembobine, en quelque sorte) et on regarde le cours immédiat des choses se modifier jusqu’à ne pouvoir être reconnu. Vieux thème de science-fiction toujours très fertile en rêveries : quel est le moment précis où, tordant la contingence du présent, je peux modifier l’avenir ? Et quels sont les milliers de futurs virtuels qui émanent de cette infime modification ?

Cours, Lola, cours (au tire français bien meilleur, bien plus impérieux, que le titre original, Lola rennt, c’est-à-dire, simplement Lola court, qui met moins l’accent sur l’urgence) est un de ces films bricolés sans immenses moyens mais qui donnent encore à penser que le cinéma a quelque chose à dire, d’original, de novateur, d’intéressant. Il n’est pas besoin de déluges d’argent, de quantités d’acteurs ni même d’effets spéciaux (bien que l’éclatement en ralenti d’une immense vitre soit précisément une scène attendue et à faire) pour faire un bon film : il faut avant tout un scénario intéressant et de bons acteurs bien dirigés.

La performance de Lola (Franka Potente) est assez bluffante ; et j’aime aussi beaucoup Moritz Bleibtreu, remarqué par ailleurs dans l’honnête adaptation des Particules élémentaires, qui porte sous son front buté toute l’inquiétude et le mal-être du monde. Mais les autres visages sont aussi bien choisis.

Je gage que, depuis 1999, où le film a été tourné, la ville de Berlin s’est un peu, ou beaucoup, nettoyée et améliorée ; sinon, quel triste décor et quelle triste pénitence !

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