Je dois dire que c’est le gracieux minois d’Audrey Hepburn dispensé à l’envi sur tous les murs de la Capitale, à l’occasion de l’exposition à l’Hôtel de Ville Paris vu par Hollywood et qui représente l’actrice dans Charade, je crois, c’est ce gracieux minois qui m’a donné l’idée de regarder Diamants sur canapé.
Et que c’est son charme absolu qui, seul, sauve un film assez bizarrement construit, hésitant entre la gaudriole burlesque et le mélodrame larmoyant… D’après ce que je lis ici et là, la nouvelle de Truman Capote était bien plus sauvage, Holly Golightly (Audrey Hepburn, donc) ayant disparu sans laisser d’adresse on ne sait où, en Afrique sans doute, et ayant simplement déposé la trace de son charme et de sa délicieuse folie, qui brûle encore ceux qui l’ont connue.
L’adaptation de Blake Edwards est bien plus sage, allant vers un happy end peu cohérent avec tout ce qu’on a appris de la trajectoire difficile d’une gamine bousculée par la vie, qui se vend, ou essaye de se vendre, au plus offrant (José da Silva – José Luis de Vilallonga) ou même, hélas, à n’importe qui et qui va trouver une sorte de rédemption avec Paul Varjak (George Peppard) qui, lui non plus n’est pas très net. Tout ça est très gentil, très conforme à l’esprit du cinéma étasunien de 1961, mais guère cohérent.
Et de fait, entre les pitreries plutôt ridicules de la réception donnée par Holly, qui font songer, c’est vrai, à toutes les pantalonnades du cinéma burlesque, celles de Jacques Tati, de Pierre Etaix et, bien entendu, de La Party du même Blake Edwards et la vie plutôt sordide menée par les deux héros, il y a une distorsion qui blesse fondamentalement le film…
…Qui s’en sort toutefois très bien, parce que Audrey Hepburn possède une élégance absolue ; pas seulement dans ses tenues, si bien dessinées par Hubert de Givenchy, qui la suivra durant toute sa carrière, mais aussi dans sa fraîcheur, son allure, son sourire, sa désinvolture intelligente… Actrice qui marque si fort les films qu’elle a tournés et qui fait si bien ressortir les décors dans quoi elle évolue, souvent les plus belles villes du monde, de Rome (Vacances romaines) à Londres (My fair Lady) en passant par Moscou (Guerre et Paix), et Paris, bien sûr, et avant tout (Drôle de frimousse, Ariane, Charade).
La distribution qui l’entoure est, auprès d’elle, insignifiante, à commencer par le pâle Peppard ou l’histrion Mickey Rooney (qui joue le pénible Japonais irascible) et à la notable exception de 2-E, la cougar de Paul (Patricia Neal) que j’ai trouvé excellente (et qui – clin d’oeil spirituel – est vêtue comme la méchante reine, marâtre de Blanche Neige).
Et puis, comment ne pas redire que la mélodie écrite par Henry Mancini est une des plus ravissantes compositions qui se puisse ?
Je suis à peu près persuadé que si, comme il avait été prévu, Diamants sur canapé avait été interprété par Marilyn Monroe, on n’en parlerait plus du tout aujourd’hui, bien que la Blonde explosive eût été sans doute plus conforme au personnage que la Brune raffinée…