Eh bien, retournes-y !
J’ai déployé des efforts intellectuels invraisemblables pour enregistrer D’où viens-tu Johnny ? qui passait sur TV5 à une heure indécente et je me trouve bien nigaud de ne pouvoir dire un peu de bien du film. Nul n’imaginait que L’idole des jeunes allait nous planter là, comme un vulgaire mortel et recevoir un hommage aussi démesuré qu’intéressant à contempler.
Que je le dise tout de suite : je ne suis pas du tout un admirateur de Johnny Hallyday, lui ayant toujours trouvé un visage flou, une voix tonitruante et des adulations qui m’agacent (les États-Unis, les grosses motos, les cheveux longs (je n’ose ajouter les idées courtes) et la dépendance à toutes les modes de jeunesse qui parcouraient la deuxième partie de notre cher XXème siècle. Cela étant, je dois reconnaître qu’il a tenu le coup drôlement longtemps et que l’image de ses fans rassemblés devant la Madeleine le 9 décembre 2017 m’a interloqué ; parce que ceux qui étaient là, c’étaient les gens de mon peuple… Je n’ai pas tout compris, mais ils m’ont tout de même touché…
Johnny n’a pas toujours été mort ; il a même été jeune, comme dans ces films où on a essayé d’en faire une vedette de cinéma, comme on avait essayé parallèlement de la faire Outre-Atlantique avec le grassouillet Elvis Presley, dans une série de films plus idiots les uns que les autres (Des filles encore des filles ou Fun à Acapulco) ; à dire vrai je ne l’ai jamais trouvé bon, et même excellent que dans L’homme du train de Patrice Leconte avec Jean Rochefort où il traînait une silhouette lassée, épuisée, amère… Il n’était d’ailleurs pas mauvais non plus, fourbu et amer dans Jean-Philippe de Laurent Tuel en 2006. C’est peut-être ce genre harassé qui convenait le mieux à sa façon de jouer. Parce que dans les films de sa jeunesse, un sketch des Parisiennes réalisé par Marc Allégret ou dans Cherchez l’idole de Michel Boisrond (metteur en scène totalement disparu des périscopes) ou, bien sûr dans D’où viens-tu Johnny ? il est vraiment à côté de la plaque.
Cela étant, ceux qui ont une adulation profonde pour Hallyday, collectionnent ses enregistrements et frémissent au moindre de ses déhanchements auront certainement du plaisir à regarder cette histoire où il partage la vedette avec la Camargue, celle dont on rêvait à l’époque, avec ses taureaux, ses gardians, ses Arlésiennes, ses courses sans fin dans la libre nature ; et apprécieront aussi cette sorte de comportement westernien où ce sont les braves gens qui règlent leur compte aux malfrats sans imaginer une seconde faire appel à la maréchaussée.
On conçoit qu’il soit ensuite poursuivi par les trafiquants ; il va donc se réfugier chez son parrain, le manadier Christophe (Henri Vilbert), à deux pas des Saintes-Maries de la mer. Il y retrouve ses amis d’enfance, Django (Pierre Barouh) et Magali (Evelyne Dandry), non sans perturber un peu le fragile équilibre amoureux des jeunes gens. Comme dans Gas-oil de Gilles Grangier, finalement c’est l’alliance de tous les braves gens qui va chasser du pays les malfaisants… À l’heure où l’on parlait beaucoup des exactions des blousons noirs il fallait bien que l’on montrât que les braves jeunes gens pouvaient à la fois apprécier les musiques rythmées et se montrer d’une parfaite honnêteté…
Que retenir de ce tout petit film ? Le tout début m’a rappelé un jeu de bistro que j’avais complètement oublié : le Rallye France une machine qui avait la physionomie et la corpulence d’un flipper mais où il s’agissait de filoguider, à l’aide d’un système compliqué une voiture en évitant le maximum des obstacles placés sur son chemin ; je me suis souvenu aussi que Sylvie Vartan n’avait pas toujours été l’hollywoodienne botoxée qu’elle est vite devenue ; et que Fernand Sardou avait tout de même joué bien des bêtises… C’est maigre…