Seuls les anges ont des ailes.
Encore un film qui surfe sur la vague déterminée qui fait du vampire un pauvre bougre méritant et même quelquefois héroïque, frappé par une sombre fatalité et réduit à semer la mort autour d’elle en le regrettant et non plus, comme dans l’acception classique comme l’incarnation du Mal, la créature de l’Enfer. De quand date-t-on cela ? Je ne suis plus l’expert en vampirologie que j’étais il y a cinquante ans, mais je me demande si on ne peut pas fixer à la Chronique des vampires créée par Anne Rice en 1976 cet affadissement du mythe, chronique dont a été tirée l’excellent Entretien avec un vampire de Neil Jordan en 1994. Et aussi, en 1992, le Dracula de Francis Coppola,qui montrait un personnage torturé, maléfique endurant une affreuse malédiction.
Et c’est ainsi que le Prince Vlad, Vlad l’empaleur comme le narre la légende (mais – ô vertu étasunienne, l’empalement ne consiste pas à percer le thorax ou l’abdomen des ennemis vaincus, mais bien à… voir Cannibal holocaust si on s’intéresse aux détails), c’est ainsi que Vlad devient Dracula – le dragon – et que la tradition se perpétue.
Le récit n’est pas mal construit, les images sont spectaculaires ; mais ceci est aujourd’hui le minimum que l’on attend d’un film de genre ; le réalisateur s’est beaucoup inspiré, peut-on penser, des armées millionnaires mises en scène par Peter Jackson dans sa Trilogie et on a l’impression de se retrouver à la bataille du gouffre de Helm dans Les deux tours lorsque déferlent, dans des vallées sévères des kyrielles de combattants. Mettons aussi au crédit de Gary Shore l’utilisation qu’il fait des chauves-souris dont des myriades numériques gouvernées par Vlad envahissent l’espace de façon spectaculaire.
La dernière séquence qui bascule le film de nos jours est inutile et même un peu bébête. Mais j’ai connu pire…