Hurlements

Horreurs ordinaires.

De la minime carrière cinématographique de Joe Dante, il ne restera finalement que les originaux Gremlins, affreux monstres sarcastiques et brutaux issus de ravissantes petites boules de poils. Ce qui a suivi n’a pas laissé trace et ce qui a précédé, c’est-à-dire Hurlements, est d’une consternante banalité. Parce que, par quelque biais qu’on les prenne, les histoires de loups-garous, plus ou moins sauvages, plus ou moins sanglantes, sont terriblement répétitives et très ennuyeuses. Créatures malfaisantes mais trop souvent pitoyables qui subissent les effets d’une malédiction séculaire et sont obligées presque structurellement d’agresser les humains et de se nourrir de leur chair. C’est leur côté gnangnan.

On a beau essayer de renouveler le genre, de le remettre à jour, de lui faire tutoyer la modernité, on donne toujours au spectateur les mêmes images, plus ou moins bien réalisées, de transformation d’un homme ou d’une femme en fauve sanguinaire qui ne manque pas alors de déchiqueter de braves gens ; la quantité de sang versé, le filmage des démembrements, les gros plans sur des plaies horribles dépendent de la capacité de l’époque à supporter – ou non – des images sanguinolentes. Mais au final on n’invente rien de bien nouveau.

En fait, si, on invente un peu. Hurlements commence avec un certain rythme bienvenu comme une histoire de serial killer malsain liée à une (bien courte) dénonciation de l’omnipotence de la télévision et de son goût pour le spectacle quoi qu’il en coûte. Karen White (Dee Wallace), présentatrice notoire d’une chaîne de Los Angeles, est persécutée par Eddie Quist (Robert Picardo), un maniaque obsédé. De concert avec la police, elle accepte de rencontrer le criminel dans la cabine d’un peep show. Images de viol sadique ; lorsque Karen se retourne pour voir l’agresseur, la police fait irruption et tue Quist. Karen est éclaboussée de sang et frappée d’amnésie.

Bouleversement de sa vie et de son équilibre mental. Le psychiatre George Waggner (Patrick Macnee) lui prescrit de venir passer quelque temps dans sa colonie, une sorte de thébaïde alternative où vivent, en pleine forêt, des patients de tout âge et de tout rang social.

Que ceux qui n’ont pas compris tout de suite que cette colonie était en fait le repaire d’une sorte de secte de loups-garous lèvent le doigt pour qu’on se fiche d’eux. Et c’est bien là que le film de Joe Dante perd à peu près tout intérêt : on a vite saisi que, laborieusement, le réalisateur va faire monter la tension autour de quelques personnages un peu typiques (trop peu nombreux, trop peu caractérisés, d’ailleurs). En premier lieu la belle Marsha Quist (Elizabeth Brooks), réputée nymphomane, qui ne manquera pas de séduire Bill (Christopher Stone), le mari de Karen. Tiens, Marsha Quist : le nom ne nous dit rien ? Mais si, c’est le patronyme du serial killer dont on s’était débarrassé au début.

Le cauchemar ne peut donc que s’accentuer et la révélation qu’absolument toute la colonie est composée de lycanthropes aboutit forcément à une lutte acharnée où les humains paraissent triompher. Mais selon l’habituel procédé de Hollywood, la fin ouverte permet d’ouvrir la voie à toute une série ; la dernière image du film montre la belle Marsha, qui n’a pas succombé dans l’hécatombe des loups garous, draguer un brave couillon dans un pub, brave couillon qu’elle contaminera bientôt. Selon Wikipédia, d’ailleurs, une série interminable (8 volets) s’est développée et j’espère n’avoir jamais à la commenter tant le système me paraît lourd et sans intérêt.

Hurlements se compose évidemment d’images habituelles du genre – brouillards inquiétants dans des forêts hostiles – et offre au spectateur des images de transformation des (faux) humains en loup garous qui sont inutilement longues et globalement ridicules ; je sais bien que la maîtrise des effets spéciaux n’avait pas commencé, en 1981, d’atteindre le quart de la moitié de ce qu’elle est aujourd’hui, mais tout de même, ce qu’on voit est bien affligeant. Hurlements est un film de série bien médiocre, dont chacun peut se passer.

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