Il était une fois un flic…

Les plaisirs démodés.

Malgré son titre abominable et mal inspiré, Il était une fois un flic ne manque pas tout à fait de qualités.

Grâce à Mireille Darc, bien sûr qui, dès qu’elle apparaît dans un film l’ensoleille, grâce à Michael Lonsdale qui n’a jamais rien raté dans sa longue carrière, grâce, bien sûr à Michel Constantin qui, comme on l’a longuement rappelé portait à l’écran sa présence physique, drue, charnelle, inoubliable.

1972, l’âge du film (eh oui, plus d’un demi-siècle aujourd’hui !) : un monde à part où les policiers pouvaient mettre des mandales à la racaille sans que les divers défenseurs des droits et autres protecteurs des canailles allassent pleurnicher devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme ou même l’ONU, où l’assassinat des trafiquants de drogues diverses paraissait une institution de salubrité publique, où, finalement, les choses se passaient dans leur ordre naturel.

Michel Constantin, d’une certaine façon, est une sorte de sous-Jean-Paul Belmondo dans les films que celui-ci a tournés, violents, peu soucieux d’humanisme niais, Flic ou voyou (1979), de Georges LautnerLe marginal (1983) ou Le solitaire (1987) l’un et l’autre de Jacques Deray : on cogne d’abord, on s’explique ensuite, à tout le moins s’il y a encore quelque chose à expliquer.

Le succès de ces films assez primaires mais bien fichus laisse à penser sur ce qu’était encore la France à ces heures anciennes : un pays qui ne doutait pas de lui-même et où les choses demeuraient à peu près à une place qu’elles n’auraient jamais dû quitter.

Le scénario – mélange assez hétéroclite, au demeurant – mixe lutte contre la drogue (déjà), guerre des polices avec méprises afférentes (qui se veulent rigolotes mais ne sont pas bien réussies), fausse famille constituée pour tromper les trafiquants. Georges Lautner a souvent aimé mélanger les genres et inclure du burlesque au milieu des histoires policières et des assassinats, ce qui a pu donner des chefs-d’œuvre comme Les tontons flingueurs ou Le monocle rit jaune ; il est bien certain qu’Il était une fois un flic n’est pas de ce niveau, mais c’est un film plaisant.

L’intrigue est sûrement un peu trop compliquée pour le genre : Manoni, baron de la drogue sur la Côte d’Azur est évidemment dans le collimateur des services de police : ceux de France, mais aussi ceux des États-Unis. Le mystérieux assassinat d’un de ses lieutenants, Maurice Lopez, donne l’occasion à la brigade des stupéfiants française de démanteler le réseau : le commissaire Campana (Michel Constantin) va s’infiltrer dans le groupe en se faisant passer pour Louis, le frère de l’assassiné ; celui-ci étant doté d’une femme et d’un enfant, il suffit (!) de procurer au Commissaire – censé débarquer de Tunis – une fausse famille : ce sera le rôle joué par Christine (Mireille Darc), veuve d’un policier assassiné par des trafiquants et son fils Bertrand (Hervé Hillien).

Ces choses étant posées, la valse peut se dérouler à son rythme, quelquefois un peu paresseux, truffé d’invraisemblances aimables, mais toujours sympathique. Michel Constantin est fort bien entouré ; le charme délicieux Mireille Darc est aussi éclatant que d’habitude et le gamin est crispant comme le rôle le lui demande ; les contrastes sont bien vus entre le célibataire endurci bougon et radin et la jolie jeune femme rieuse et légère. Michael Lonsdale interprète Lucas, le commissaire divisionnaire du coin, au calme impressionnant et à la parfaite maîtrise ; et d’autres visages connus du cinéma de l’époque : Daniel Ivernel,Robert Castel,Henri Cogan du côté des trafiquants français, Venantino Venantini et Giuliano Disperati, les tueurs glacés de la Mafia…Un film agréable à regarder lors d’une fin d’été…

 

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