La cage

Du massif !

Est-ce que La cage vaut qu’on y consacre de longues discussions  ? Sans doute pas ! C’est un bon produit du souvent intéressant Pierre Granier-Deferre, extrêmement bien joué par l’improbable couple Ventura/Thulin, et bénéficiant d’une idée de scénario habile, mais limitée.

Et, à dire le vrai, mon 4 est une note complaisante, dû à la bienveillance inhérente au mois de juillet et s’apparente plutôt à un 3,5 ; mais ça se laisse regarder sans ennui, bien que ça tire un peu à la ligne dans le dernier quart d’heure.

Je ne vois absolument pas de rapport entre La cage et Le chat ; s’il suffisait qu’on évoque la mésentente conjugale pour rapprocher des films, je gage qu’il y en aurait bien d’autres à faire venir sur le devant de la scène ; le sujet n’est pas la mésentente, d’ailleurs, mais la séquestration ; je ne suis pas certain qu’Hélène (Ingrid Thulin, donc) sache d’emblée qu’elle va conserver longuement dans une cave son ancien mari, Julien (Lino Ventura) et moins encore qu’elle va tenter de l’assassiner : tout ce qu’elle veut, c’est le garder suffisamment longtemps, sans qu’il puisse se dérober, du fait de sa situation, qu’il puisse parler, qu’il puisse lui dire, ce qu’elle veut entendre, ce qu’elle croit qu’il pourrait dire et qu’elle voudrait entendre.

Ce genre de folie obsessionnelle et exaspérante (Je ne sais pas ce que je veux entendre, mais tu vas tout me dire ! en gros) c’est davantage l’esprit de Misery de Rob Reiner, d’après Stephen King où un romancier à succès est tenu prisonnier par une de ses admiratrices ; le huis-clos, d’abord presque simpliste (on se demande comment Ventura va se sortir de sa cave, quel moyen tordu il va trouver pour s’évader), vire graduellement à la confrontation pleine de malaise entre une femme psychologiquement fragile et un type qui ne comprend plus rien, depuis longtemps, d’ailleurs, à celle qu’il avait épousée, mais dont il est séparé par des années-lumière ; et d’ailleurs comment l’autodidacte drogué de boulot, sans doute issu, comme Ventura, d’une lignée de rudes travailleurs italiens, et l’intellectuelle scandinave rêveuse et brumeuse, qui imaginait sa vie comme un conte de fées profondément moral ? Autant demander à Silvio Berlusconi et à Eva Joly de se comprendre et de s’apprécier, la confusion des peaux terminée…

Le film serait meilleur sans le happy end final, certes suggéré, mais sûrement admis par la plupart des spectateurs (Finalement, ils s’aiment !), qui est parfaitement ridicule ; Granier-Deferre n’a pas osé creuser jusqu’au fond son sujet et aller résolument vers le cruel ; il lui reste d’avoir bien réalisé une adaptation théâtrale, sans pratiquement d’autres protagonistes que les deux héros, et être sorti du théâtre filmé… Un peu comme les pièces qui ont du succès, on en sort sans mécontentement… De là à dire que ça laisse grand chose…

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