Coffret empoisonné
J’avoue sans peine que j’ai acquis pour trois fois rien un coffret de 5 films de Jésus Franco finalement très médiocres alors que j’avais naguère assez apprécié, Nuits de Dracula , de 1970, qui se voulait une assez fidèle adaptation du roman de Bram Stocker, et que, malgré de grandes insuffisances, je n’avais pas trouvé totalement inintéressantes Les deux beautés
, Justine et Juliette, où, dans un fatras prétendument sadien, il y avait quelques petits trucs pas mal.
La comtesse noire, en revanche – toujours dans la version présentée dans le coffret, mais il y en a eu plusieurs autres, en fonction du niveau de censure des pays où le film passait – La comtesse noire (dont un autre titre, tout de grâce et de raffinement est Les avaleuses !). est un film presque aussi incohérent, mais nettement plus luxurieux : si ce n’est pas du X complet, c’est tout de même du W, et même du W+.
J’aime assez le concept de la femme-vampire (ah ! Les lèvres rouges
d’Harry Kümel et l’histoire baroque d’Erszebeth Bathory dans un des Contes immoraux
de Walerian Borowczyk
!!) ; je ne suis pas effarouché à l’idée qu’en sus du sang la coquine se nourrisse du fluide sexuel de ses victimes, masculines et féminines ; voir de jolies filles toutes nues n’est pas de nature à me faire abandonner mon écran de télévision ; mais encore faut-il que le vampirisme, la sexualité débordante, la nudité soient au service d’une histoire bien construite et d’une invention captivante ! Sans cela, on tombe vite dans la complaisance roublarde, et si on orne la salacité d’un prêchi-prêcha humanistoïde (Pourquoi suis-je, moi pauvre petite vampire, obligée de semer la mort autour de moi ?) et de considérations puérilement occultistes, on obtient un mauvais film.
Cela dit, il y a quelques petits brimborions intéressants, et notamment les paysages escarpés et, ça et là embrumés de Madère, où le film a été tourné ; il y a aussi – ce qui est assez stupéfiant, dans ce genre de DVD – une longue (une demi heure) interviouve de Franco, qui explique avec humour la multiplicité de ses pseudonymes et qui apparaît comme un type cultivé, intelligent, lettré… Quel mystère !