La gloire de mon père

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Lumière d’été

Le pagnolien fervent que je suis avait toute raison de se méfier d’une adaptation du grand homme, qui avait su, durant son existence industrieuse parfaitement s’adapter lui-même (il y a chez Pagnol un côté « homme d’affaire qui transforme tout en or » qui est très amusant !) ; d’ailleurs le massacre de Claude Berri, mieux inspiré par d’autres auteurs et d’autres cultures, de Jean de Florette confirme la difficulté de saisir l’esprit de Provence et d’un auteur d’apparence si aimable et facile, mais qui, donc, comme tous les écrivains du bonheur, n’est pas si simple à suivre…

Rien ne paraissait prédisposer Yves Robert à capter la lumineuse légèreté des « Souvenirs d’enfance », qui constituent peut-être le meilleur de l’œuvre écrit de Pagnol, ce qui est destiné à demeurer le plus durablement…

Admettons qu’il y a des grâces d’état, et que toucher à certaines oeuvres dans quoi ont appris à lire et à se retrouver des générations d’enfants et d’adolescents devait forcer au miracle, sauf à entraîner des déceptions insurmontables.

Et le miracle est venu : La gloire de mon père et son immédiate suite, Le château de ma mère sont des bijoux rares où, dans le sillage du jeune Marcel, de Lili et des bartavelles, toute l’immense magie de l’enfance éblouit le regard…

Qui peut, relisant Pagnol, ne pas imaginer Philippe Caubère et Nathalie Roussel en Joseph et Augustine ou Didier Pain en Oncle Jules ? Qui peut ne pas rêver à la Bastide Blanche, à la touffeur de l’été et aux vacances du temps passé ?

Et qui peut retenir sa larme quand, à la fin du Château de ma mère, le jeune Marcel suit le corbillard de sa mère trop tôt morte alors que la voix off de Jean-Pierre Darras souffle Telle est la vie des hommes : quelques joies vite effacées par d’inoubliables chagrins…

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