Comme Voyage au bout de l’enfer, revu récemment, m’a emballé et que j’aime bien L’année du dragon, comme la réputation de grand film malade n’est pas pour me déplaire, comme j’ai lu ici et là que la version Director’s cut de plus de 3h30 restituait La porte du paradis dans sa vraie grandeur et dans les véritables orientations de Michael Cimino, j’ai regardé le film, entre hier et aujourd’hui, de plus en plus effaré et révulsé au fur et à mesure qu’il se déroulait.
Je suis d’ailleurs persuadé que si j’avais été dans une salle, je serais sorti avant la fin, ce qui m’est rarement arrivé dans ma vie de cinéphage (La grande bouffe et Out of Africa). En deux séances, les redondances de Cimino sont, sinon moins insupportables, du moins absorbables, mais c’est tout juste. Combien je comprends les producteurs affolés qui ont retiré le film des écrans dès la fin de la première semaine d’exploitation, devant le rejet absolu et total de la critique tout autant que des spectateurs !
Outre que, sauf à avoir lu sur Wikipédia ou sur la jaquette du DVD, l’explication du contexte historique, on ne comprend absolument rien à ces luttes de sauvages, il me semble que Cimino, ce qui est une sorte d’affreuse performance, a, d’une certaine façon, dilué le temps, chaque minute de film paraissant en avoir cinq, tant c’est hiératique, figé, répétitif et emmerdant. On a l’impression que Cimino, grisé par l’incroyable budget qui lui avait été consenti, ne s’est pas retenu et a tourné plusieurs séquences de tonalité identique en les incorporant ici et là – je n’ose écrire au petit bonheur – ce qui donne l’impression qu’on revoit constamment les mêmes choses.
Et il y a une sorte d’orgueil fou, d’autisme dangereux à ne pas accorder au spectateur la moindre explication sur la division en trois segments du film : un ventre boursouflé et le prologue et l’épilogue absolument détachés de ce corps central, prologue et épilogue dont la raison n’apparaît pas et qui semblent appartenir à un autre film, ou mettre en scène d’autres personnages.
Dès lors, pourquoi consentir à mettre 1, et non pas 0 que cette copie bavassante et indigeste mérite ? Pour la charmante nudité d’Isabelle Huppert, toujours agréable à regarder ? Bof… Elle n’a pas été si rare au cinéma qu’on puisse la considérer comme sujet en soi… Alors ? Sans doute la capacité de Cimino à filmer des mouvements de foule et de vastes ensembles. C’est tout et c’est bien peu… Quelle purge !