La rivière du hibou

Quelle chute !

Nous n’avons pas trop l’habitude du court métrage, pas plus que celui de la nouvelle ; sa durée, son rythme propre, sa sècheresse obligée nous interloquent un peu ; si j’ai regardé avec sympathie Chickamauga et L’oiseau moqueur par devant ces exercices de virtuosité pure, qui, comme toute virtuosité suscitent à la fois admiration et agacement, j’ai beaucoup mieux marché avec La rivière du hibou qui n’est pas – loin de là ! – qu’exercice esthétique formel ou, si je puis dire, mémoire de fin d’étude, ce que me semblent être les deux autres segments de cette édition.

On retrouve en tout cas, dans La rivière du hibou une très grande qualité formelle, un talent incontestable d’Enrico à filmer la nature, ni riante, ni hostile, mais totalement indifférente ; on retrouve ce halètement propre au format restreint du court métrage, on retrouve des angles, des nuances, des partis pris de lumière qui sont absolument remarquables et qui justifient amplement les récompenses dithyrambiques dont ce bref opus a bénéficié, à très juste titre.

De là à écrire que c’est tout à fait la conception que je me fais du cinéma, il y a une marge : on sent tout de même la contrainte obligée de l’exercice, la nécessité de ne pas dépasser le métrage requis, le décompte temporel qu’on en induit.

Mais, pour moi qui ne connaissais pas le film, ni la nouvelle de Bierce, il y a un plaisir très vif, et une admiration sans réticence de ce devoir de cinéma, sûrement nécessaire à un jeune réalisateur, qui fut prometteur, qui fut excellent, mais qui, bizarrement, n’a pas accompli toutes les belles promesses qu’il laissait entrevoir…

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