L’Atalante

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Célébration du désir

L’Atalante est un film martyr, à l’étrange histoire, désormais réhabilité comme un des plus beaux chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma.

Son auteur, Jean Vigo, fils d’un anarchiste, Miguel Almereyda, zigouillé pendant la Grande Guerre pour défaitisme, est mort très jeune ; de son œuvre courte, tout mérite d’être vu ; si je ne porte pas au pinacle Zéro de conduite, à mon goût trop libertaire et pré-soixante-huitard (fantasmagorie de la révolte juvénile d’un collège), je tiens en très haute estime un moyen métrage, A propos de Nice où l’invention esthétique est omniprésente et ébouriffante de qualité…

L’Atalante donc, est le premier, et le seul, long métrage de fiction de Vigo ; sans doute épouvantés par l’audace et la subtilité du film, ses producteurs s’effrayent : comme, en 1934, est plus qu’à la mode une chanson – d’origine italienne, et d’ailleurs fort belle – qui s’appelle Le chaland qui passe, on rebaptise ainsi le film, on le triture pour le faire rentrer dans les clous ; il faudra bien des années pour que le montage voulu par Vigo soit pieusement retrouvé et respecté.

Qu’est-ce que c’est que L’Atalante, au delà du pittoresque facile de la péniche qui file sur l’eau calme ? Un des films les plus beaux et les plus troublants qui aient été faits sur le désir.

J’ai eu déjà l’occasion d’écrire que, alors même qu’on n’entrevoit pas la moindre parcelle de chair, L’Atalante dégage, dans toutes les scènes où sont réunis les époux (Dita Parlo et Jean Dasté) une sensualité extraordinaire…Il n’y a pas, à mes yeux, de plus beau film d’amour que celui-là…

Et en plus, on a un Michel Simon en Père Jules, exceptionnel…

L’intégrale de Vigo a été lumineusement éditée et restaurée et a donné lieu à un très beau coffret que chacun devrait posséder.

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