La tentative était intéressante au début des années 70, d’essayer de renouveler les terreurs vampiriques, après les avoir usées jusqu’à la corde et d’aller chercher des situations et des atmosphères singulières. D’ailleurs peu après, le regard sur le vampire, jusqu’alors représentant des créatures démoniaques, incarnation du Mal absolu, devenait empathique et compassionnel, en faisant une victime de malédictions dont il n’était pas responsable mais victime (le Dracula de Coppola, Entretien avec un vampire, sans parler des nouilleries actuelles à la Twilight).
Mais donc, en 72, pour Le cirque des vampires, on est encore avec un affreux séide de Satan, d’une absolue cruauté, qui viole et pollue toutes les jeunes filles de la contrée, une sorte de Gilles de Rais dévorant, maléfique et séducteur. L’intéressant est qu’il fascine tant et tant autour de lui qu’il séduit des séides sans avoir même besoin de sucer leur sang (comme, à vrai dire, le fait Dracula avec sa créature Renfield) ; c’est ainsi que la ravissante Anna (Domini Blythe), femme du respectable instituteur Miller (Laurence Payne) sacrifie sa vie et sa famille avec volupté lorsque le comte Mitterhouse (Robert Tayman) est enfin débusqué et exécuté par les villageois révoltés après un nouvel assassinat de jeune fille.
L’ennui est que la physionomie de ce Mitterhouse est plus niaise et grotesque qu’effrayante et que la Hammer a baissé beaucoup de ses exigences de qualité, au moment du film, permettant des mimiques et des regards qui confinent au plus haut ridicule.
Quinze ans ont passé depuis les premières séquences ; la population du village de Schettel a été maudite par le comte-vampire. Une épidémie douteuse ravage la contrée et parallèlement arrive, malgré la quarantaine, la troupe d’un cirque singulier, conduite par une séduisante bohémienne (Adrienne Corri), en fait réincarnation (ou survivance) de l’Anna du début. afin de faire renaître à la vie le comte maudit, les comédiens du cirque vont s’insinuer dans la population, en séduire les jouvencelles et les jouvenceaux de façon que leur sang propitiatoire revivifie le monstre.
Le scénario ne manque pas de qualité et l’atmosphère est originale. Il y a de l’érotisme et, davantage que les quelques jolies poitrines dénudées, une danse très trouble entre deux adolescents jumeaux et vampires Heinrich (Robin Sachs) et Helga (Lella Ward) dont dont la sensualité éclatante est très séduisante.
Cela dit, le film souffre tout de même d’un grand manque de moyens, confinant le spectacle dans une clairière, où s’est établi le cirque et manquant de subtilité dans son propos : tous les villageois concernés se retrouvent, comme par hasard, à un moment donné, au milieu de la scène, un peu comme s’ils entraient sur une scène de théâtre. Les dialogues sont, naturellement, au dessous de tout et les psychologies minimalement présentées.
Mais bon, ce n’est pas dégradant…