Le genou de Claire

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Pensées et sentiments, formes et couleurs

Tous les avis concordent sur ce Genou de Claire qui est sûrement avec Ma nuit chez Maud, dans un registre plus grave, le chef d’oeuvre d’Eric Rohmer.

Oui, ce sont bien des constructions très instables, très fluides, très délicates, toujours à la limite du superficiel ou – mieux – de l’artificiel, qui font le charme extrême et l’intérêt de ces films très écrits ; quelquefois, ça tombe du mauvais côté et ça donne une histoire un peu crispante ou ridicule (je ne partage pas tout à fait les avis souvent très sévères émis, par exemple, sur Le rayon vert mais je dois bien admettre que les afféteries des personnages y peuvent exaspérer). Mais quand Rohmer est au mieux de son histoire, ça donne ce bijou de lumière et d’esprit.

Et un peu davantage, même : l’analyse que fait Jérôme (Jean-Claude Brialy dans un de ses meilleurs rôles) de son attirance pour Claire est dans la meilleure veine des moralistes français du 18ème siècle, Chamfort ou Vauvenargues (Claire provoque en moi un désir certain mais sans but, et d’autant plus fort qu’il est sans but. Un pur désir. Un désir de rien. Je ne veux rien faire, mais le fait d’éprouver ce désir me gêne.)

Et puis je me suis toujours demandé comment Rohmer faisait pour dégotter des actrices qui ressemblaient tellement à leur rôle : qui a eu vingt ans à cette époque a connu des Laura (Béatrice Romand) et des Claire (Laurence de Monaghan) à foison. Rohmer en 1970, avait pourtant déjà 50 ans : comment a-t-il fait pour saisir les moindres nuances de ces sensibilités si fragiles, si éphémères ?

Du grand art !

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