Un désastre.
Je n’ai pas d’antipathie, bien au contraire, pour le cinéma de ces fous de Belges et, même si je ne fais pas de C’est arrivé près de chez vous un de mes films de chevet, je n’ai pas détesté Mammuth et j’ai beaucoup aimé Les convoyeurs attendent, petite merveille d’émotion et de sensibilité. Cette veine drôle, triste, réaliste, narquoise, humaine est issue du génial magazine Strip Tease de Jean Libon et Marco Lamensch qui, dès 1985 a décortiqué avec un regard distancié mais jamais moralisateur des dizaines et des dizaines de personnages, de situations ou d’attitudes pour les laisser à nu sous le regard du spectateur.
J’aime les acteurs qui m’étaient annoncés dans Le grand soir : le grain de folie de Benoït Poelvoorde et le physique passe-partout d’Albert Dupontel (qui lui permet de faire sauter ses plombs avec tant de talent, dans Irréversible, par exemple) ; et, en personnages secondaires, Gérard Depardieu – qui sait encore faire une pige – ou Yolande Moreau, que je tiens depuis longtemps (depuis Sans toit ni loi, en fait) pour une immense actrice ; il n’y avait que Brigitte Fontaine dont je me méfiais un peu, lui trouvant plus d’originalité que de talent (mais enfin, ça se discute…).
Je me disais donc que j’allais passer un peu de bon temps, un rien sarcastique, un rien cruel, un rien tendre devant les aventures de ces deux frères, Benoît/Not (Poelvoorde), qui se qualifie de plus vieux punk à chien d’Europe et de son frère Jean-Pierre/Dead (Dupontel), vendeur de literie qui se fait licencier. Tout ça se passe dans une de ces gracieuses zones commerciales devenues un des fleurons de notre pays où s’entassent Norauto, Pizza Hut, La grande récré, Jardiland, Leaderprice, La Foir’fouille et autres joyeusetés. Comme les parents des deux zigues (Brigitte Fontaine et Areski Belkacem) tiennent un restaurant intitulé La Pataterie (j’ai vérifié : ça existe vraiment et il y en a même une centaine en France), les prémisses sont intéressantes.
On attend même que ça commence. On attend une heure et demie. On attend toujours. Atterrant.