Ratage majuscule.
Dans la riche recension des films complètement ratés de Claude Chabrol, Le scandale pourrait bien occuper une place éminente et figurer au rang des pires nullités. Ce qui est curieux c’est que le film a été tourné en 1967, immédiatement avant les trois chefs-d’œuvre, qui datent de 1969 et 1970, La femme infidèle, Que la bête meure, Le boucher, qui permettront que le nom du metteur en scène persiste un bon moment.
Mais Le scandale, c’est d’une nullité bien triste. Une nullité qui n’est pas de celles qui font se révolter ou goguenarder : simplement une nullité plate, ennuyeuse, lassante où quelques excellents acteurs (Stéphane Audran, Maurice Ronet) et un paltoquet surcôté (Anthony Perkins, pire que d’habitude) s’efforcent d’intéresser le spectateur à une histoire tournicotée de captation d’héritage.
Tout sonne faux, dans ce film : l’atmosphère bourgeoise, si détestée par Chabrol, mais souvent mieux vilipendée (tiens, par exemple dans Merci pour le chocolat), les dialogues, d’une pauvreté à faire frémir, sans éclat, sans brio, sans allure, les scènes de bamboche (à Hambourg, en Allemagne ou dans un appartement chic de Paris) qu’on croirait tournées par un émule d’Arlette Laguillier pour fustiger la malfaisance intrinsèque de la classe bourgeoise, l’anecdote policière, si cousue de fil blanc, si prévisible qu’on en voit les prémisses s’étaler dès les premières images.
Qu’est-ce qu’on peut sauver dans ce naufrage, traité par Chabrol par dessous la jambe pour rafler, certainement, l’avance sur recettes généreusement octroyée par le CNC ? Vraiment pas grand chose et sûrement pas Yvonne Furneaux, à peu près aussi expressive qu’une endive chlorotique, ni aucun des seconds rôles qui font souvent la richesse des films de second plan. Pas davantage sur la musique, insignifiante ou la réalisation, poussive.
Le seul souvenir qu’on puisse célébrer, c’est sûrement Stéphane Audran, en sous-vêtements rouge vif. Mais on ne peut pas dire que ça suffise à mettre une note simplement moyenne…