Bonne compagnie au coin du feu.
Je n’ai rien, absolument rien contre le cinéma de Quentin Tarantino, très habile faiseur qui bénéficie d’une aura extraordinaire parmi la critique et dans le public, profite de moyens financiers considérables et réalise avec une certaine régularité des films qui sont des succès médiatiques. Je ne conteste pas le moins du monde qu’il soit un véritable amateur de cinéma, qui tient à honneur de ne pas tourner en numérique, bénéficie d’une large culture fondée sur d’excellentes références et de grands auteurs et qu’il mette de l’originalité dans le genre plutôt archi rebattu de la violence, voire de la sauvagerie. J’ai apprécié Reservoir dog, Kill Bill, Django unchained et – un peu plus encore – Once upon a time in Hollywood. Des films bien léchés dont aucun ne me semble dépasser très largement la moyenne mais dont aucun ne m’avait ennuyé.
C’est dire que je me disposais à regarder paresseusement 8 salopards et que je m’apprêtais à surmonter la trop longue durée annoncée (près de trois heures) et ma méconnaissance totale des acteurs annoncés à l’écran. Je me résolvais aussi à affronter une nouvelle histoire qui prend pour cadre l’Ouest des États-Unis et les suites interminables de la Guerre de Sécession. Les États-Unis font beaucoup avec le peu d’Histoire qu’ils ont et nous, en Europe, qui en avons tant et de si riches, et de si complexes, nous en faisons, en regard, bien peu. Mais enfin, comme a dit quelque part Marcel Aymé dans une lettre à Thierry Maulnier : Pourquoi en voudrais-je à une nation de nous prendre ce que nous lui avons abandonné ?
Et le début du film me prédisposait plutôt favorablement : paysage glacé du Wyoming, secoué par un interminable blizzard dans de belles lumières bleues, berline tirée par six chevaux qui se hâte vers la bourgade de Red Rock où un de ces curieux chasseurs de primes qui ont été connus chez nous depuis Steve McQueen, le Josh Randall de Au nom de la Loi vient livrer son butin ; originalité intéressante : c’est Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh) qui dirige une bande de meurtriers et vient donc d’être mise hors d’état de nuire par John Ruth (Kurt Russell), qui espère en tirer la coquette somme de 10.000 dollars.
Première rencontre sur la route enneigée : un ancien officier nordiste, le major Marquis Warren (Samuel L. Jackson), lui aussi chasseur de primes et qui offre la particularité d’être noir et de trimballer avec lui les cadavres de trois hommes qu’il compte aussi livrer à Red Rock, mais qui a connu le mécompte de voir crever ses chevaux (ou quelque chose comme ça). Après tractations compliquées John Ruth accepte d’accueillir dans son véhicule Marquis Warren et les trois macchabées qui seront installés sur le toit.
Jusqu’ici, tout se passe à peu près bien, on suit sans déplaisir ces curieuses manigances. Mais voilà que – nouvelle rencontre, ce qui peut sembler bizarre pour une contrée aussi désolée et désertique -, se pointe un nouveau personnage : Chris Mannix (Walton Goggins), le futur shérif de Red Rock qui va rejoindre son poste. On commence à se dire qu’on est dans une sorte de conte de fées glacial où surgissent sur les pas du Prince charmant ou de la douce héroïne les personnages les plus extraordinaires (comme dans Le magicien d’Oz ? Presque… enfin, j’exagère un peu, mais il y a de ça).
Comme le blizzard ne se calme pas, la petite troupe précitée (à qui il faut ajouter le cocher, O.B. (James Parks) se réfugie dans une baraque, une sorte de relais qui protègera un peu de la bourrasque. Là, il y a plusieurs autres clampins et le récit va se compliquer d’une manière inimaginable. Si inimaginable que j’ai d’ailleurs comlétement renoncé à en saisir le suc et suis allé me coucher bien avant la fin.
Comment osez-vous commenter un film dont vous n’avez vu qu’une petite moitié ? allez-vous fulminer. Précisément, je ne commente pas. Je fais retraite. Avec une certaine lâcheté, j’en conviens, mais, somme toute, je n’ai plus tellement de temps à perdre dans la vie. D’ailleurs notre amie Wiki a mitonné un récit extrêmement détaillé des 8 salopards ; ça devrait satisfaire les obsessionnels.