Épisode intermédiaire décisif.
Eh bien, ça m’arrache le cœur de le reconnaître, mais je me suis planté en écrivant, sur le premier épisode, La Communauté de l’anneau, que le second était moins réussi. Ceux qui n’étaient pas de mon avis ont bien raison de valoriser Les deux tours que j’ai trouvé, à la revoyure, beaucoup plus subtil, intelligent et habile que je ne me le rappelais.
S’il est vrai que l’attention est parcellisée du fait de l’éclatement de la Communauté, si je pense aussi que les aventures un peu bouffonnes de Merry et Pipin alourdissent la continuité du récit, il y a des moments absolument magnifiques et la bataille du gouffre de Helm me paraît, dans son intensité dramatique, sans doute plus exaltante et vibrante que le combat final pour Minas Tirith, dans le troisième volet, où la surabondance des moyens et des effets spéciaux finit par sembler banale.
J’ai beaucoup aimé la relation qui s’établit et s’approfondit entre Frodon et Sam Gamegie ; relation de fidélité, de loyauté, de dévouement : la véritable relation féale, au plus beau sens médiéval du terme, qui existe entre un vassal et son suzerain : confiance et respect, chacun demeurant à sa place et chacun ressentant la beauté de cette réciprocité affective.
Si l’on ajoute à cela la notion de légitimité qui nimbe Aragorn, en fait le Roi désigné par une sorte de Transcendance et lui assure la prééminence, si on ne peut que constater que la trilogie est tissée de courage, de sens du sacrifice, d’exaltation de l’héroïsme et ainsi de suite, ça confirme bien que le sage Tolkien était un merveilleux conteur mais aussi un fieffé réactionnaire.
Ce qui, personnellement, me va tout à fait.