Les diamants sont éternels

Pas grand chose…

Les descentes en flammes assénées par de nombreux critiques à ces Diamants éternels ne sont pas, malgré leurs virulences, dénuées de pertinence : il est vrai que, près de dix ans après James Bond contre Dr. No, le mythe s’était essoufflé et ne pouvait survivre qu’à grands coups de gadgets farfelus et d’effets spéciaux démesurés. Cette course au spectaculaire s’est aujourd’hui enflée jusqu’à la bouffissure et ne permet plus aucun rapport avec les aventures élégantes, sarcastiques et sophistiquées conçues par Ian Fleming.

D’autant que la marque imprimée par Sean Connery était pratiquement ineffaçable et que tous ses prétendus successeurs ne sont jamais parvenus à le faire oublier. (Je me singularise toutefois en estimant que George Lazenby aurait constitué une intéressante alternative et n’avait pas démérité dans Au service secret de Sa Majesté ; mais il est vrai que l’excellence du scénario de cet opus et surtout la présence de la lumineuse Diana Rigg dans le rôle de l’épouse de Bond, assassinée par l’ignoble Blofeld aux dernières images fausse peut-être un peu mon jugement sur cet épisode qu’il faut que je revoie).

Mais on ne peut pas méconnaître que la volonté de Connery de ne pas se faire enfermer dans un personnage qui lui a apporté célébrité et fortune était normale : il a ensuite amplement démontré l’étendue de son registre et de la qualité de son jeu. Cela dit, lui parti, et sous la réserve énoncée ci-dessus, le mythe ne pouvait que se dégrader, de la même façon que celui du Vampire, éminemment tragique et érotique, s’est abâtardi en mômeries à la Twillight.

Comme Au service secret de Sa Majesté n’a pas très bien marché, le public ne suivant pas le changement de personnage, on est allé chercher les vétérans : Guy Hamilton à la mise en scène et, naturellement, évidemment, Sean Connery, à qui l’on offre un pont d’or.

18844876.jpg-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxÀ dire vrai, ça ne suffit pas, loin de là ! Le scénario est boursouflé, obèse, compliqué au delà du raisonnable, plein de hiatus, d’invraisemblances et de tirages à la ligne. Les morceaux de bravoure ne sont sans doute pas contestables (la bagarre dans l’ascenseur, la poursuite dans les rues de Las Vegas) et il y a des points de vue originaux (les deux homosexuels tueurs, Wint (Bruce Glover) et Kidd (Putter Smith) ; les deux guerrières Bambi (Lola Larson) et Perle noire (Trina Parks) ; la volatilité de Tiffany Case (Jill St. John) qui passe du camp de Bond à ses adversaires en moins de temps qu’il ne lui faut pour changer de perruque), mais on s’ennuie un peu).

En plus on n’a pas assez soigné le personnage du Méchant. Certes, Blofeld, le patron du S.P.E.C.T.R.E. (Service pour l’Espionnage, le Contre-Espionnage, le Terrorisme, les Règlements et l’Extorsion) est déjà connu des spectateurs, et haï par eux ; et Charles Gray, qui l’interprète, a une physionomie, un physique intéressants. Mais il n’a pas agressivité, la cruauté, la perversité qu’on attend de lui ; et un Méchant qui ne fait pas peur, ça ne fonctionne pas.

Bon. Rideau. Les années Soixante s’achèvent.

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