Les rendez-vous de Paris

Exercice de style.

Mon 4/6 est assez bienveillant, au regard des plus réussis des Rohmer qui vont évidemment chercher beaucoup plus loin, lorsque, évidemment, on apprécie ce style si particulier, à la limite de l’artifice, mais tellement intelligent et raffiné. Ce film là, ces Rendez-vous-là, c’est vraiment un exercice de style, une jolie digression, afin de ne pas perdre la main, après la série des Contes des quatre saisons, et avant d’aller voir un peu dans un cinéma plus engagé, celui de L’Anglaise et le duc.Trois histoires qui n’ont pas toutes le même intérêt ; malheureusement, pour le souvenir qu’on va garder du film, la meilleure est la première et, si on espère que le film va continuer sur le ton à la fois léger et grave du premier segment, on est malheureusement conduit à constater que ce ‘est pas le cas.

Le deuxième segment, qui s’appelle Les bancs de Paris me semble d’assez loin le plus faible et réunit tous les tics et défauts que l’on peut imputer à Rohmer, des ratiocinations sans fin sur les égarements du cœur et de l’esprit, des raffinements de pensée poussés jusqu’à l’extrême, de petits jeunes gens crispants, à la limite du tête-à-claques, des jeunes gens qui ne parviennent pas à se décider, à bousculer l’évidence des choses.

Le troisième, qui relate la rencontre d’un jeune homme peintre avec une jeune femme dans les rues du Marais, et dans le musée du funambule Picasso, rue de Thorigny vaut essentiellement par le discours sur l’art (lorsqu’on s’intéresse à la peinture) et surtout par cette délicieuse animosité presque charnelle qui s’instaure d’emblée entre le jeune peintre (Michael Kraft) et la Suédoise Veronika Johansson qui est venue à Paris pour bien peu de choses. Drôles de gens, ces Scandinaves écartelés entre Andersen, Éva Joly et Andres Breikink. Comment peut-on ne pas apprécier les infinies variations des crépis (et décrépis) des murs de Paris ?

Donc, le délicieux premier sketch (Le rendez-vous de 7 heures), tout de finesse, d’intelligence, de subtilité. Là, c’est Rohmer dans ce qu’il peut y avoir de meilleur : c’est léger, profond, drôle et triste. Les héros portent des prénoms de tragédies classiques ((Horace, Hermione, Esther, Aricie), parlent comme chez Marivaux et souffrent comme chez Alfred de Musset.

Élégance rose et grise dans un Paris magnifique. Jeunes filles de haut lignage. Rohmer, à 75 ans, démontrait, s’il en était besoin, qu’un vieux monsieur sait toujours comprendre les jeunes filles…

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