Georges Lautner l’explique très bien dans le supplément du DVD : il a été chargé de réaliser un film commandé en quelque sorte par Alain Delon pour sa compagne Mireille Darc et s’il a adapté – en le trahissant notablement, dit-il – un roman de Richard Matheson, il s’est moins préoccupé de la cohérence du récit que de la mise en valeur des acteurs (Darc et Delon, donc, mais aussi Claude Brasseur) et de la construction d’atmosphères troubles et de séquences angoissantes.
Ainsi la pérégrination de Peggy/Mireille Darc et de François/Claude Brasseur dans un immeuble d’apparence déserte, avec un bon petit moment d’angoisse dans un troisième sous-sol sans lumière. Ou la montée onirique de Peggy par un étrange escalier vers la chambre de son homme à tout faire Albert (Michel Peyrelon). De belles images gris-bleu de la Côte d’Azur en hiver et des ambiances vertes et rouges qui font songer à Mario Bava ou à Dario Argento.
Je crois que Georges Lautner a pris beaucoup de plaisir à sortir des sentiers qu’il fréquentait habituellement et à tourner un film horrifique (il récidivera quinze ans plus tard avec l’assez curieuse Maison assassinée) avec en personnage central une psychotique séduisante, altière, lointaine et des hommes qui tournent autour comme des phalènes prises au piège. Le film aurait été très réussi s’il n’avait pas été encombré de scories romanesques et s’était contenté de ce postulat, d’autant que le cadre du tournage, les personnages secondaires et la distribution principale sont excellents.