La civilité puérile et honnête.
Mon cerveau ayant malheureusement désormais atteint un état intermédiaire entre le fromage blanc et l’éponge synthétique, je ne me rappelais absolument pas que j’avais déjà vu Les Tuche il y a plus de cinq ans : c’est le propre de ces horreurs de vous sidérer, de vous statufier, de vous vitrifier. Deux ou trois fois pendant le film ce qui me reste de lucidité a cru reconnaître un épisode déjà regardé, mais, comme bon nombre de psychopathes, je suis alors parti dans le déni, refusant d’admettre que je venais de passer à nouveau de précieuses minutes du temps qu’il me reste à vivre à regarder ça, alors que je viens de m’acheter l’édition Bluray de Autant en emporte le vent et l’intégrale de Angélique, marquise des anges qui auraient été bien plus intelligents à regarder. Que dire ? La vieillesse est un naufrage, on ne le répétera jamais assez fort et assez souvent.
D’où, lorsque la famille Tuche gagne un gros lot et vient s’installer à Monaco, la confrontation conviviale, si je puis dire, avec les fortunés bien élevés au cœur sec et à la conjugalité défaillante, qui, finiront, bien sûr par succomber à la charmante simplicité du sous-prolétariat ; on voit bien combien la mentalité publique a reculé depuis 1988 et l’excellent et infiniment plus subtil La vie est un long fleuve tranquille.
La famille Tuche, c’est le père, Jeff (Jean-Paul Rouve), la mère Cathy (Isabelle Nanty), la grand-mère gaga (Claire Nadeau) et les trois enfants Wilfried, l’homo qui s’ignore (Pierre Lottin), Stéphanie la bimbo qui s’éprend d’un Noir (Sarah Stern) et le cadet Donald (dit Coin-coin ouaf ouaf !), l’extra-terrestre intelligent et bosseur. Plutôt de bons acteurs, ou des acteurs qui le sont lorsqu’on ne les fait pas tourner dans ce pudding accablant.
Accablant et acclamé par le public : près d’1,6 million d’entrées. Et c’est pourquoi il y a – pour l’instant – deux suites : Les Tuche 2 plus de4,6 millions et le dernier-né, Les Tuche 3 où Jeff Tuche est élu Président de la République et qui semble emporter tout sur son passage (3,6 millions en deux semaines d’exploitation). La critique émerveillée indique que la série va en s’améliorant ; admettons. N’empêche que pour moi, 0+0+0, ça fait toujours 0…