L’ingéniosité, l’inventivité, la canaillerie souriante des escroqueries est vraiment délicieuse. Et même si le film n’est pas du niveau d’ Une vie difficile, du Fanfaron, des Monstres de Parfum de femme, de Fantôme d’amour, de Valse d’amour, on se demande pourquoi Dino Risi paraît ne pas figurer au panthéon des grands, des très grands réalisateurs du cinéma de tous les temps et de tous les pays, la renommée, idiote et aveugle le confinant souvent au second rang.
Cela dit, qui est une goutte de bile versée sur tous les Visconti, Antonioni, Bertolucci et Ferreri qui encombrent les anthologies, je me faisais hier, en revoyant L’homme aux cent visages, la réflexion assez sotte que cette glorieuse outrance du Mattatore ne devait pouvoir être regardée qu’en italien… Ce qui tombait bien, puisque l’édition que je possède ne propose que la VO sous-titrée.
Mais donc, me disais-je, que serait le film sans cette langue déliée, sonore, harmonieuse, fluide comme une huile d’olive parfumée ? Je gage qu’on aurait de curieux effets si l’on regardait Vittorio Gassman s’exprimer par la grâce du doublage, en allemand ou, pire, en hollandais. L’expérience vaut peut-être la peine d’être vécue… Il est vrai qu’on pourrait s’amuser à regarder Raimu dans La femme du boulanger jaspiner le moldo-valaque…
L’homme aux cent visages est un film délicieux.