Sinon rien, du moins pas grand chose…
Comme on est loin, dans ce genre de téléfilm, de la tristesse et de l’acidité vénéneuse de la comédie italienne et comment peut-on apprécier ce caramel mou gluant et bien-pensant de Lulu femme nue ? Voilà qui me déconcerte et me navre…
Qu’est-ce que j’ai vu hier à la télévision ? Une demi-folle qui laisse tomber son mari (ça s’est vu et, vu le bonhomme, ça peut sans doute se comprendre) et ses enfants (ce qui n’est pas concevable) pour s’offrir quelques jours d’errance et de pseudo liberté dans une station balnéaire aussi hideuse qu’hivernale de Vendée, joue à être à la dérive, s’acoquine avec des marginaux, organise sa petite fugue, tout cela dans une joyeuse anarchie crasseuse.
Lulu femme nue est un petit plaidoyer crapoteux libertaire pour l’émancipation de la femme (forcément, structurellement écrasée par une société hiérarchisée et machiste qui ne lui laisse aucune capacité d’expression et aucune indépendance) réalisé par une cinéaste gauchisante, Solveig Anspach qui a trouvé dans l’infinie complaisance des autorités financières du cinéma de quoi tourner quelques crottes mal fichues.
Karin Viard est loin d’être dépourvue de talent et elle a la chance infinie de pouvoir être identifiée, reconnue, perçue par le public ; elle est tout autant appréciée par les professionnels de la profession qui la nomment pour les Césars ou en lui décernent ; mais elle tourne trop, jusqu’à 4 ou 5 films par an dans un paysage cinématographique français boulimique où, chaque semaine, sort une kyrielle de films dont la quasi totalité lâchera l’écran au bout de quinze jours au mieux.On ne peut pas faire le reproche de la même façon à deux étoiles de bien moindre magnitude, qui doivent travailler pour vivre, Bouli Lanners, appelé à réveiller les sens et la gaieté de Lulu et surtout Corinne Masiero, la patronne du bistro, méchante comme une teigne (rôle où elle est infiniment moins crédible que dans l’excellent Louise Wimmer).
Et finalement, la seule satisfaction de Lulu femme nue, c’est sans doute la désormais bien vieille Claude Gensac qui, l’octogénat atteint, s’est offert une nouvelle carrière, débarrassée des oripeaux de l’horripilante Mme Cruchot de la série du Gendarme. Elle est, dans le film de Solveig Anspach rieuse, fine et maline, intéressante comme elle l’était déjà dans Elle s’en va d’Emmanuelle Bercot, autre film où une femme (Catherine Deneuve) quitte ses attaches, mais avec bien plus de densité.
Encore une soirée perdue.