Terriblement daté
J’avais conservé un souvenir sympathique de Madame porte la culotte, malgré son titre épouvantable (mais le titre anglais, Adam’s rib – La côte d’Adam, ne vaut pas mieux) et j’avais envie de revoir le couple mythique du cinéma étasunien de jadis, Spencer Tracy et Hepburn, couple d’amants fantasques qui a duré vingt ans, malgré les très nombreuses aventures intercalaires (si je puis dire) survenues pendant ce temps.
J’ai revu le film de George Cukor et, bien qu’il ne soit pas d’une excessive durée (98 minutes), je n’ai pas été mécontent quand le mot Fin est apparu, tant l’intrigue est rebattue, prévisible, banale et les péripéties convenues.
Adam Bonner (Tracy) est Parquetier dans un tribunal de New-York ; sa femme, Amanda (Hepburn) est avocate ; la tentative d’assassinat par Doris Attinger (Judy Holliday) de son mari volage, Waren, (Tom Ewell) qu’elle a trouvé dans les bras de la gourgandine, Beryl (Jean Hagen), va porter l’orage dans le couple du magistrat et de l’avocate, l’un étant chargé du ministère public, l’autre de la défense.
Les chausse-trappes que chacun des époux ouvre sous les pas de l’autre constituent le plus clair du scénario, à peine coloré par la tentative d’un chanteur bellâtre et voisin, Kip Lurie (David Wayne) de séduire Amanda en profitant des dissensions intervenues.
Le couple était pourtant jusqu’alors parfaitement uni, à la mode du code Hayes, naturellement, avec lits jumeaux, salles de bains séparées, pyjamas chastes et préparation réciproque de coquetèles vespéraux agrémentés d’une olive sur une pique de bois. Mais les spectres hideux de l’ambition professionnelle et du féminisme débridé étant ce qu’ils sont, voilà que les démons de la discorde fondent sur nos tendres bourgeois new-yorkais.
Qui se réconcilieront, évidemment, dès que les choses menaceront vraiment de tourner au vinaigre du divorce. Il était inimaginable qu’il pût en être autrement.
À part quelques aperçus sur la prospère société des lendemains de la Guerre et sur le système judiciaire de l’époque, ça n’a pas du tout d’intérêt.
Demeurent les deux acteurs principaux, dont on perçoit bien la qualité surnageant de la médiocrité du sujet. Mais enfin, si on apprécie Tracy, mieux vaut revoir Un homme est passé de John Sturges, si on apprécie Hepburn, African Queen de John Huston… Et peut-être regarder Devine qui vient dîner de Stanley Kramer si on veut retrouver les deux vieux amants vingt-cinq ans après leur rencontre…